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cuse auJourd’ hui de l’avoir p1agié;Je ne puis pas faire aut1ement , i1 faut queJ ’imite méme 1a tournure de vos pieces. Ca ne vous en (Ste pas, a vous ; et, a moi, 9a me fait une petite reputa- tion.”
11 m’appelait “grand caeur ”, dans oes cir- constances-la, comme i1 m’appelait “grand poéte” dans ses pieces. Et, confiant dans mon indifferen- ce au quet de mes vers, i1 ne se génait point. Chaque fois que Je publiais une piece, on était sfir d’en voir apparaitre 1a doublure, quelque temps apres ; c’en était devenu une farce. 11 me suivait a la piste -—- adoptant, par derriere moi, non seulement mes expressions, mes idées, mais encore mes quets, mes opinions, mes titres, jus- qu’aux rythmes dontJe me servais, le cadre, 1a charpente, tout. Si Je divisais mes pieces par des chiffres, i1 divisait les siennes par des chiffres. Si Je les divisais par des étoiles, i1 les divisait par Jdes étoiles. Si je faisais des strophes, i1 fai- sait des strophes. Si ] écrivais en 1imes plates, i1 écrivait en rimes plates. U11 hiver, i1 me prend envie de travailler des sonnets, voila mon hom- me a gacher des sonnets. Quand j’ébauchais du paysage, i] barbouillait du paysage, ' quand J’a- bordais l’épitre, i1 se lanoait dans l’épltre: Et quand Jessayai du 1écit, i1 fit comme moi... i1 essaya.
(Ici 1e poete esquisse un malin sourire, et continue) :
M. Fréche/te. — Cela est tellement vrai, que J’ai dfi, quand je les ai mises en recueil, modifier nombre de mes pieces pour dépister ce fileur sans pareil. Ainsi mon petit poeme qui, dans les Fleurs boréales. ports le titre de Renouveau, débutait originairement par ce vers :