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i6 L’EXPRESS

Secretariat permanent des

: . peuples franc0phones

Lancement de six ouvrages

de l’Ontario francais

£3

L’édifice du Secrétarit permanent a Québec

Les francophones de l’Ontario étaient a l’hon- neur récemment, alors que le Secretariat permanent des peuples francophones, a Que’bec, procédait au lancement de six ouvrages de la collection “L’Ontario francais” publiée par la maison d’édition Etudes vivantes.

Les titres déja parus por- tent sur : L’Ontario francais, historique, de

Robert Choquette; L ’A tlas'

de l’Ontario francais, de Gaetan Vallieres et Marcien Villemure; La toponymie

francaise en Ontario, de Andre’ Lapierre; La voix de l’Ontario de Gaetan Vallieres et Pierre Savard; L’Ontario francais par les documents, de Gaetan Vallieres; L ’Ontario francais par l’image, de Jacques Grimard.

Ce lancement, placé sous

. la‘ présidence d’honneur de

M. Michel Plourde, 1e president du Conseil de la langue francaise du Quebec, était e’galement l’occasion de la tenue d’une exposition sur “L’Ontario francais d’hier”, présentée par le Centre de Recherche

en civilisation canadienne- francaise de l’Université d’Ottawa.

Notons que M. Plourde a annoncé ce jour-la, 1e 6 avril, que dorénavant, les publications du conseil de la langue francaise seront disponibles pour les visiteurs qui pourront les consulter sur place ou en faire 1’achat. :

Pour souligner l’éve'ne— ment, 1e drapeau franco— ontarien flottait a l’entrée du Secretariat permanent des peuples francophones, situe’ au 54 rue Saint-Pierre aQuébec. D

CHR ONIQ UE D ’UN FLA NE UR

L’art, la connerie et le hasard

par Pierre Lariviére

J c passais l’autre jour par l’Université de Toronto et décidai d’aller faire un tour a la galerie d’art de Hart House. J ’arrivais trop tard. J ’eus tout de meme le temps de voir tout un fatras de morceaux de cartons en- toilés, barbouillés de rouge et de noir.

Certaines de ces choses ressemblaient a des hottes de vendangeur saccagées par les vandales. On m’apprit que rien n’était ar- rivé de tel, que c’était la une volonté avant- gardiste d’art moderne.

J’avais vu a peu pres la méme chose a quelque temps de la, au restaurant La Folie son nom lui permet bien des audaces. Une‘exposition s’y tient chaque semaihe. Idée excellente car la cuisine est bonne et

fait oublier bien des excentricités. La for—

mule est astucieuse et toutes les galeries d’art en mal d’argent devraient y penser.

Pour revenir a Hart Ho/use, j’écoutais les commentaires de’sabusés et ironiques d’un groupe de professeurs e't d’e’tudiants. Venant d’eux, les réflexions ne manquaient' pas de saveur et pourraient se re'sumer ain- si: l’art moderne est a quatre—vingt pour cent fumisterie d’intellectuels. «De la con- nerie pure», conclut un Francais mal em- bouché.

Cette condamnation

me laissait in-

satisfait. Je revins done la semaine derniere .

a Hart House, on se tenait, m’avait-on dit, une exposition “transcendante”! Cet ad— jectif m’a toujours inquiéte’, étant peu

,enclin a la philosophie. Mais l’inflation

linguistique eSt telle de nos jou‘rs que je décidai d’en avoir 1e coeur net. A la porte de la galerie, on affichait le pedigree de l’artiste. Fort honorable. Beaux-art a Strasbourg, études se'rieuses aux Etats- Unis et, lettres de noblesse, un article de Art Magazine.

Si cette revue, comme la plupart des journaux de Toronto, ignore les artistes francophones, elle est le Bottin mondain des anglophones qui ont l’heur de lui plaire. Bref, Art Magazine relatait avec ad- miration l’une des dernieres oeuvres de l’artiste de Hart House : un grand cercle au charbon sur un sol blanc.'Métaphore, nous dit-on, du rituel sensuel qui consisterait pour les Inuits a frotter une pierre sur un me...

I e pressentis alors que j’allais effective- ment vers une oeuvre transcendantale. On y accédait par la porte mystérieusement mi-ouverte de la galerie. Un éclair obscur savant complétait l’atmosphere toute monastique de la salle aux murs nus. Oi‘i était l’oeuvre? Par terre.

L’artiste avait dfi lire le Petit Poucet. Il avait semé la en' ordre disperse plusieurs centaines un millier peut—étre —~ de cailloux- De jolis galets d’ailleurs. Bien ronds. Bien lisses. Polis par un torrent qui connaissait son affaire. 11 y avait la tout un groupe d’étudiants qui sortirent prompte- ment, secoués d’une énorme hilarité.’

Quant a moi, je cherchai en vain quelque effet de l’art. J 6 pensais aux subtils patrons des dalles romaines et byzantines, aux arabesques folles des trottoirs de Rio de Janeiro, au savant désordre des cailloux dans les cours et les jardins japonais. Mais je ne trouvai point de “beau désordre”, dans ce champ de cailloux de Hart House, on seul le hasard semblait avoir joué un idle. Que ce hasard produise a l’intellectuel des villes une sensation mystique, un ver— tige métaphysique, peut-étre. Mais pour l’art, je ne puis m’empécher de penser au cantonnier de mon village qui fait de si beaux tas de cailloux. 1:1

LITTERATU'ELE

. Semaine du 20 au 26 avril' 1982

Le dernier-né de Denis Momere

Méchants fédéralistes et

bons souverainistes!

pan Daniel Latouche

Il arrive :51 tout le monde de commettre des impairs. Le malheur avec les erreurs des écrivains, c’est qu’elles sont toujours faites ~au grand jour et qu’elles ris- quent de durer longtemps.

Ce n’est pas le sort qu’on souhaite a Denis Moniere, cela meme si son récent essai Pour la suite de l’histoire doit étre con- sidére’ comme une erreur de parcours importante.

On se demande ce qui a bien pu l’amener a nous af— fligerd’un tel pensum sur les problemes politiques ac- tuels du Québec. C’est d’une banalité, d’une

naiveté et parfois Bd’une

méchanceté telles qu’on se demande 51 cc livre ne cons- titue pas une demande

d’emploi adressée aux autorltés du Part1 Québécois. '

r Tout est fort simple dans cet évangile caricatural d’un c6té, i1 y a tous les méchants fédéralistes qui n’ont pas de conscience, de l’autre les bon's souverainistes qui se sont fait faire mal par les premiers. Imaginez-vous que, durant la campagne référendaire, les gros “toughs” d’Ottawa ont publié des annonces dans

,. les journaux- pour vanter les . mérltes du fédéralisme. Ils

ont osé nous faire cela a nous qui, pourtant, ne leur avions rien fait...!

Cette fausse indignation occupe un bon tiers du livre et finit par ressembler, a la longue, a une vieille bande

sonore. Malheureusementy

1e deuxiéme tiers du livrei nous inonde 21 tel point (16 clichés qu’on se pren‘d .51 regretter les attaques simplistes contre legs; méchants. - a.

Cette autre ‘partie dh livre‘est toute. entiér'e con"- sacrée aux merveilles de la période de la Revolution tranquille. Moniére est pourtant l’un des politicologuesles plus com- pétent de sa génération, et je ne saurais expliquer ces pages d’éloges superlatifs a tout ce qui.s’est accompli

Moreeaux d’actualité poflfique

par Gérald LeBlanc

Depuis une vingtaine d’années, 1e professeur Gerard Bergeron .pratique le journalisme Comme hobby. Au gré des grands événements politiques, l’universitaire publie chaque année, dans Le Devoir 1a plupart du temps, une douzaine de commen- taires et d’analyses sur “l’histoire se faisant”.

Depuis une dizaine

d’années, ces articles retrou- _

vent tous les deux ans le chemin d’un volume publié chez Parti Pris, auxQuinze ou aux Presses de l’UniVersité Laval.

J’ai toujours aime’ par- courir ces livres du professeur Bergeron. C’est un excellent moyen de faire 1e résumé de la situation, de remettre les morceaux de 'l’actualité en place, de leur donnertune cer- taine perspective.

Mais cette fois-ci, le charme s’est rompu. Malgré 1’ex- cellente pre’face de Louis Duclos, Syndrome québécois et mal canadien m’a semblé fastidieux.

Ce n’est pas le réchauffé ou

le fond de tiroir qui choquent. '

Les autres volumes de l’auteur était de la méme facturé. C’est

plutot 1’absurdité de 1’exercice

qui vous frappe de plein fouet. '

A quoi préciser, raffiner et parfaire la pensée sur la place du Québec dans le Canada quand ceux qui gouvernent ne tiennent méme pas compte des com- missions d’enquéte qu’ils ont eux—mémes commandées? ,

Bien sfir, ce n’est pas la faute du professeur Bergeron si la pratique s’est coupée de toute pensée politique sur l’avenir national du Québec. Cet état de chose rend cepen- dant difficile l’intérét qu’on

pourrait avoir pour les études , '

universitaires sur “l’histoire se faisant”.

Syndrome québécois et mal canadien, par Gérard Bergeron, } Les Presses de l’Université Laval, 297 pages, $18.00

ISBN 2-89052-0404

‘raisonnement

sous la Révolution tran- quille., On croirait lire Camelot et le bon roi Ar- thur. , '

Avant 1960, nous étions des traditionnalistes, dominés par l’Eglise, sans instruction, referme’s sur nous-memes, bref des in- dividus sans couleur, sans odeur et sans saveur. Et ce n’est qu’en 1960 que nous serions devenus capables de belles et grandes choses.

Qu’on se passe 1e mot, cela fait au moins dix ans que les politicologues et les sociologues ont cessé de répandre de telles inanités.

La troisiéme partie du livre, celle qui propose des moyens pour sortir de l’im- passe constitutionnelle, ravira d’aise tous les fédéralistes convaincu . Ils doivent se ilire

aujourd’hui: «Si cette

. analyse représente la posi-

tion officielle du P.Q. et des souverainistes, i1 n’y a vraiment aucune crainte a y avoir».

Et ils auront raison. Que suggere Denis Moniére? Bah... que le Parti Québécois se lance sur la

scene électorale fédérale.

Ce n’est guere original, direz-vous. Mais au moins c’est une option qui mérite d’étre envisagée se’rieuse— ment. ' Malheureusement, les arguments qu’invoque l’auteur sont d’une telle naiveté que, cette fois, on doit ‘se demander si son ob- jectif n’était pas précise- ment de tuer l’option qu’il prétend défendre. Apres un d’un paragraphe, il conclut qu’un tel parti devrait aller chercher 40°70 du vote (vous avez bien lu, 40% et non 4.0%) pour une raison bien simple : tous ceux qui ne prennent p‘as 1a peine de VOt€r ,lors d’e’lections fédérales, tous les créditistes, les supporteurs du Parti Rhinoceros et 25 070 de ceux qui ont vote’ pour Trudeau n’attendent que l’occasionpour appuyer un

V

parti séparatiste a Ottawa.

C’est tellement ridicule comme argumentation qu’il faut conclure que Moniére a d’autres infor- mations, des résultats de sondages par exemple, qu’il ne nous révéle pas. A bien y penser, c’est peut-étre la la seule qualite’ du livre. Il nous force constamment a chercher d’autres arguments derriere ceux qu’il nous propose parce qu’on n’arrive pas a se résigner a cette pauvrete’.

Bref, c’est un livre inu- tile, un livre qui n’apporte strictement rien, une de'pense inutile d’énergie et de papier. Lisez—en quel- ques pages en librairie, vous verrez bien.

Chambre . numéro 19. ..

par Adrien Gruslin

Impossible de fournir une explication Claire de Provincetown, Playhouse, juillet 1919, j ’avais 19 ans! On ne peut que tenter d’en dégager les principaux éléments.

Cette piece de theatre sans début ni fin tourne autour d’une immolation

'(de la beauté d’un enfant)

dont il est impossible .de savoir si elle est re’elle ou feinte. Quant au theme de la folie, Charles Charles, .protagoniste et auteur dira : «J ’e'cris des pieces que seul un fou peut écrire».

‘Le texte de Normand Chaurette se fait, énigme, rebus. Il prend forme de narration et de procés ou les temps s’interpénetrent sans

qu’il soit possible de les

déméler. Et que signifie cet

deux moments Pro- vincetown 1919 et Chicago 1938. Entre les deux, un long internement peut-étre. Qui sait? Ce 19 juillet _1919, le personnage joue une piece avec deux camarades de 19 ans com~ me lui. On y assassine de 19 coups de couteau un enfant enfoui dans un sac. S’agit-il de quatre personnes ou d’une seule? Qui peut 1e dire a'vec certitude? Theatre de l’introspec- tion, du derangement men- tal? Par moments“ 1’in- coherence est totale. Pro- vinceto wn, Playhouse... est

un écrit comme 1e theatre

canadien-francais en compte peu. Il fera la joie des psychanalystes et celle d’un public choisi.

Provincetow'n, Playhouse, juillet 1919, j ’avais 19 ans,

Pour la suite de l’histoire,

obsessionnel chiffre 19? En

par Normand Chaurette,

de Denis Moniere, l9 tableaux, Charles Theatre/Lemé'ac, 125 Québec/Ame’rique, $9.95. Charette, 19' ans, dialogue pages, $6.95 ISBN 2—89037-113-1 avec double de 38 ans sur ISBN 2-7609-0103-3

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HUME URS LITTERA IRES

Des photos a la une W

par Gilles Archambault

Je ne m ’y habitueraijamais. Non jamais je ne trouverai normal de trouver en premiere page du Devoir, de La Presse ou de L’Express de Toronto des photos d ’e’cri— vains.

Quand j ’e’tais jeune, il y a de cela fort longtemps, seuls les bandits ou les politi- cien’s avaient droit a cet honneur. Puis, peu apeu, on s’est habitué a voir desjoueurs de hockey ou des boxeurs. 0n essaie d’im— planter depuis je ne sais combien de mois l’habitude des photos d’e’crivains ou de cinéastes ou d l’artistes—peintres.

I! y a-deux‘possibilite’s. Ou vous croyez que l’écrivain en question est important, ou vous estimez qu’il ne l’est pas. Tout le monde s’accorde sur des figures comme celles de Jacques Ferron ou de Gabrielle Roy, mais pourquoi les ressortir de l’om-

bre? Sinon pour donner bonne conscience

a une société qui les a toujours ignorés. Si, en revanche, la personnalite’ de la se-

rmaine est un tdcheron dont personne n ’ig—

nore que ses livres sont ennuyeux comme la

pluie verglacante, on ne peut s’empécher

de rire ou de se dire que les valeurs ne sont plus ce qu ’elles étaient, etc.

Je sais bien qu ’1'] y a un bon Cote d cette pratique et que les écrivains ainsi élus ont l’impression d’étre importants pour quel- que temps. J ’applaudirais a trois mains si je ne ‘craignais l’dprete’ des retombées. Comment peut-on survivre a cette,mise en lumiére subite? Surtout si on s’est dépéche’ a publier un autre livre quatre mois plus tard, s’imaginant que la scéne s’il- luminerait et que retentiraient les trois coups? -

Lorsque j’y pense, j’en fre’mis. Que d’espoir décus! Que de talents livre’s a la plus noire des mélancolies!

La lucidité n’est pas donne’e a tous les

‘créateurs. T ous n’ont pas cette simplicité

qui leur permettrait de Se rappeler que cha- que samedi 017190"? sa foulée d9 chefs-d ’oeuvre, d ’écrivains Importants, de films inoubliables. Le ge’nie hebdomadaire chasse celui de la semaineprécédente. Qu ’il tarde 'un peu a‘pu'blier, l’écrivain 'COnnat‘t un silence qui ressemble fort a celui Qui marquera sa mort dans vingt ou trente ans.

Ilpourra alors voir sa photo dans la page ne’crologique, s’il n ’a pas laissé trop de mauvais souvenir a sa veuve ou a sa comi pagne!

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mais aussi: DISQUES CARTES DE SQUHAITS JEUX EDUCATIFS

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