4 — L’EXPRESS
L’Eglise et les Franco-Ontariens (111)
Le Reglement 17
ont droitfia des «explications»...
1e pape Benoit XV estime que les Canadiens- Francais
Semaine du 17 au 23 mai 1983
ous poursuivons cette semaine la publica-
tion du document de Paul-Francois
Sylvestre sur le role historique de l’Eglise en On- tario francais. M. Sylvestre, qui est president de la Société des écrivains canadiens (SEC) de langue francaise, livrait cet exposé aux étudiants du College Glendon (Université York) de Toronto, le 17 mars 1983.
Et l’Eglise dans tout ca? Le role de Mgr Fallon est con-,
nu. Il participe ni plus ni moins a la redaction du reglement lors de ses contacts avec les mlnistres Pyne et Hanna. Si
par Paul-Francois Sylvestre
Fallon n’est pas officiellement a la téte de l’épiscopat anglo-ontarien, i1 dicte néanmoins la ligne de conduite en matiere d’éducation.
Ses collegues font écho‘ a sa pensée. Ainsi, Mgr Scollard, éveque de Sault- Sainte- Marie, écrit au Premier ministre pour lui dire que le Réglement 17 est «en tout et en partie souverainement juste et equitable et devrait satisfaire tous les hommes impartiaux». Quant a Mgr Macdonell, d’Alexandria, i1 se dit tout aussi satisfait, qualifiant l’op- position au Reglement 17 d’agitation folle et désordonnée.
L’épiscopat franco—ontarien, évidemment, a une toute autre opinion. Mgr Routhier, vicaire général d’Ottawa, essaie de persuader Whitney de modifier son attitude anti- francaise, mais en vain i1 va sans dire. Mgr Latulipe, vicaire apostolique de Temiscaming, voit dans tout ceci un effort de la part du gouvernement pour supprimer les écoles séparées: «La lutte que nous soutenons en ce mo- ment est en faveur des écoles séparées et, ajoute- -t- il, si nous perdions la bataille, en dépit de nos droits, 1e combat s’engagerait dans un avenir prochain sur le terrain méme de l’e’cole catholique en general». Les évéques Béliveau (Saint-Boniface) et Charlebois (Keewatin), dont une partie de leurs dioceses s’étend en Ontario, se joignent a Mgr Latulipe pour condamner 1e Reglement 17. Ils affirment que l’épisc0pat irlandais de l’Ontario a propose cette diabolique loi ou son équiValent et qu’ils demandent maintenant a Rome de la faire appliquer.
Ils concluent en ces termes:
«La faction catholique de langue anglaise semble vouloir a tout prix l’écrasement du francais (...) Si ce n’était des chefs catholiques de langue anglaise, 1e Reglement 17 serait depuis longtemps lettre morte et vouée a l’oubli. L’absurde tue son auteur». _
Hélas, le Réglement 17 n’est voué a l’oubli que quinze ans apres sa proclamation. Entre temps, l’affaire est soumise 21 Rome. Le 7 juin 1918, 1e pape Benoit XV rend son verdict. Il estime que les Canadiens francais ont 1e droit de demander des explications au gouvernement et de solliciter d’autres avantages, mais tout ceci doit se faire dans la légalité, sans le moindre recours a la rebellion ou a la violence. Le souverain pontife encourage ensuite les prétres a apprendre les deux langues et a se servir de l’une ou l’autre selon les besoins des fideles. Enfin, il precise que, dans toute cette question, un évéque ne doit prendre aucune decision sans avoir auparavant consulté les autres évéques immédiatement concernés. La lettre papale ne condamne pas un camp plus que 1’autre;sa phaséologie soignée permet meme a chaque faction de trouver un sou— tien a sa position.
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Au meme moment 01‘1 tout l’Ontario francais vit 1e drame du Reglement 17, la population du sud-ouest est en plus aux prises avec un autre conflit linguistico— religieux. Il s’agit de la bataille de Ford Ci— ty (Windsor). Cet incident, dont Fallorrse trouve a l’origine, mérite qu’on s’y arréte de pres car ilis’agit, a ma connaissance, du meilleur exemple des difficiles relations en— tre l’ Eglise et les Franco— Ontariens. En
,résumé, voici ce qui se passe. Des sOn ar-
rivée dans le diocese de London, Fallon n ’est pas sans remarquer 1e caractere patriotique de certains de ses cures, notam- ment l’abbé Lucien Beaudoin, de la paroisse Notre— Dame- du- Lac, de Ford Ci- ty. En 1914-1915, il intente un proces a quatre cures d’Essex-Windsor, dont Lu- cien Beaudoin, pour diverses raisons, cer- taines techniques, d’autres assez peu sérieuses.
Mais c’est en 1917 que la situation s’ag- grave. Le cure Beaudoin décéde et Fallon le remplace par Francois-Xavier Laurendeau, celui- la meme qui avait été juge lors dudit proces.
Les paroissiens refusent cependant de donner leur confiance a un homme qui, pour prendre leur expression, a été l’instru- ment docile entre les mains du chef du systéme de persecution contre les prétres canadiens-francais et en particulier contre leur curé, le Cher Pere Beaudoin.
Ils ne veulent pas que la victime soit
remplacée dans leur coeur par un des ins— truments serviles du systeme d’anglicisa- tion. Aussi s’emparent-ils du presbytere et interdisent-ils l’entrée au nouveau cure’. Laurendeau ne pourra pénétrer chez lui que deux semaines plus tard, escorte’ d’un‘e garde militaire.
Pour mieux défendre leurs droits, les francophones fondent 1e journal La Defense. Dans l’édition du 29 mars 1918, 1e comite’ des paroissiens écrit que «la prise du presbytere de la paroisse Notre-Dame-du- Lac de Ford City fut un scandale, sans precedent dans l’histoire 'de l’Eglise catholique au Canada. (...) L’incident de Ford City a été l’aboutissement triste, mais logique d’une persecution de sept longues anne’es». Ces sept longues années couvrent 1a période de 1910 a 1917, soit le premier septennat de Fallon (i1 en aura trois).
Il est intéressant de constater comment la religion est ve’ritablement gardienne de la langue. Les fondateurs du journal La Defense choisissent pour devise un extrait du testament Spirituel du Pere Beaudoin: «Vivre pour défendre l’Eglise, ma race et ma langue». Les paroissiens traduisent bien 1e sens de cette devise lorsqu’ils affir- ment «croire de toute leur ame a la Sainte Eglise (...) a l’autorité de ses ministres; mais nous ne voulons pas admettre, ajoutent-ils, que sous 1e couvert de cette _ meme autorité se cache tout un systeme d’anglicisation a outrance». Et quand la
1 crise s’aggravera a l’e’te’ de 1918, lesparois— .
siens ne manqueront pas, encore une fois,
de clamer leur foi en l’Eglise. Que sa
Grandeur Mgr Fallon abuse de son autorité, on ne peut pas raisonnablement conclure que c ’est l’Eglise catholique qui agit de la sorte.
Le journal ajoute que cette méme Eglise, au contraire, s ’éleve et 5 ’est toujours élevée fortement contre ce genre d’abus, «qu’elle ne peut étre tenue responsable d’un état de choses qu’elle condamne, pas plus qu’elle ne peut étre tenue responsable des erreurs de quelques-uns de ses membres».
Comme ce fut 1e cas pour le Reglement 17, l’affaire de la paroisse Notre-Dame-du— Lac de Ford City est soumise 231 Rome. Dans un décret en date du 7 juin 1918 et en- voyé aux paroissiens par Fallon 1e 11 oc- tobre suivant, la Sacrée Congregation Consistoriale proclame que Laurendeau doit étre maintenu comme cure' et que l’évéque doit étre obéi. Dans son edition du 18 octobre 1918, La Defense ne parle pas d’une entiere défaite: «nous n’avons pas gagné, il est vrai, mais nous avons fait avancer une cause plus importante: celle de faire connaitre aux plus hautes autorités de 1’ Eglise 1a vraie situation dans laquelle nous sommes obliges de vivre. (.. .) Nous pouvons avoir la certitude que Rome con- naissant notre misere saura en d’autres cir- constances, combler nos voeux alors meme que nous ne lui demanderons pas».
Cette remarque éditoriale ne pouvait étre que plus prophétique. En effet, le meme jour que le cardinal Delai signe 1e décret de Ford City (7 juin 1918), 11 écrit a Fallon pour lui suggérer de démissionner: «Si l’on vous persecute dans une ville, fuyez dans une autre». Cette citation de l’Ecriture sainte' ne fera pas bouger 1e fougueux pasteur de London. Les patriotes de Ford City ne sont évidemment pas au courant de cette missive cardinalice, mais i1 n’y a nul doute qu’elle comble leurs voeux alors meme qu’ils ne demandent pas un tel geste de Rome. Quoiqu’il en soit, La Defense du 25 octobre 1918 titre a la une «Nous obéissons».
Si je me suis arrété aussi longtemps aux discordes suscitées par l’idéologie exlusive- ment anglo-catholique d’un Michael Fran- cis Fallon, c’est qu’elles ont marqué de facon irréversible la vie ontarienne (linguistique, religieuse et politique) du premier quartdenotre siecle.
Ce qu’on ne sait peut-étre pas, aussi, c’est que notre histoire a été pitoyablement marquee par un homme qui n’était méme pas un citoyen canadien. En effet, durant sdn séjour comme supérieur oblat a Buf- falo, avant d’étre nommé éveque, Fallon. était devenu citoyen américain. Illl’est tou- jours resté et n’a jamais participé a une election canadienne apres son retour en Ontario.
(Suite et fin la semaine prochaine)
Secrétaire Exécutif(ve) (mi-temps)
Le Conseil de Pianification de I’Education Fran- cophone de la Region Torontoise (C.P.E.F.R.T.) est a la recherche d’un(e) Secrétaire Exécutif(ve) a mi- temps dont Ia responsabilité principale sera d’aider a la realisation des divers projets du Con- seil.
Le (1a) Secrétaire Exécutif(ve) aura également Ia responsabilité de mettre sur pied Ie centre d’infor- mation et d’administration du Conseil, puis de Ie diriger.
Exigences
1. converser sans difficulté dans les deux langues
officielles en plus d’avoir une maitrise complete
de la langue francaise parlée et écrite
2. connaitre les activités et les organismes de la .
communauté francophone torontoise et de la
région avoisinante
3. avoir une connaissance des systemes d’éduca- - tion de I’Ontario
4. étre repre’sentatif de la communauté fran-
cophone
RENUMERATION / HORAIRE DE TRAVAIL
Le salaire sera a la mesure des responsabilités et basé sur une moyenne de vingt heures de travail par semaine.
Faire parvenir son curriculum vitae pour le 20 mai a: Paul Durocher 296 Towercrest Dr. Newmarket, Ont. L3Y 1C2 Tél: 229-8164 (B) 895-5290 (D)
L' hon.WIIIiam Davis. CR.
premier ministre
L‘hon. Robert Welch. CR,
ministre de I'Energie Ontario
L'hon. James Snow
ministre des “ Transports et 4/1111) Communications
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Energie Ontario
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Covoiturage. Covoiturage par fourgonnette. Transport en commun. L’énerg1e qu’1ls economlsent . aUJourd’ hu1, nous pourrons tous l’utlliser demaln. '
De plus amples renseignements sur tous les aspects de la conservation sont disponibles au ministére de l’Energie, 62 ouest, rue Wellesley, Toronto, Ontario, M7A 287.