lO - L'EXPRESS, vendredi 4 mai 1979
Robert Savoie: Graveur ou cartographe?
Denis
Feradouros:
un nouvel expressionnisme
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MUNEIDE. 1977 17" X 20" ed.: 50
FEODAL. 1978 18" X 20" ed.: 50
La question que posent les barbares a la premiere vue de certaines oeuvres du graveur québécois —— de renommée internatio- nale — Robert Savoie est «représentent—elles ou sont-elles inspirées de cartes geographiques?»
La réponse est non. Ce n’est toutefois pas la pre- miere fois, reconnait Ro— bert Savoie, qu’on lui fait la remarque.
Ce qui frappe d‘abord dans la carriere de Robert Savoie, cc sont les séjours a l’étranger, années d‘étu- des au cours desquelles le graveurs a acquis dans des ateliers prestigieux la maitrise de son métier et a participé a un tres grand nombre d’expositions in- ternationales. Pendant quatrc ans, il a vécu de
son travail a Paris. ll en attribue partiellement le mérite a la gravure elle- méme, «art democratique entre tous puisqu’elle per- met a chacun, quel que soit son niveau de fortu- ne, de posséder une oeu- vre originale».
Plusieurs musées im— portants possedent de ses gravures ct il rappellc que «cet art est tres répandu en Europe, particuliere- ment dans les pays scandi- naves, en Suede, par exemple, oil, sur une population de sept mil- lions d’habitants, 3,000 artistes de toutes discipli- nes vivent de leurs oeu- vres».
Néanmoins, de retour au Quebec, Robert Savoie a dfi, comme beaucoup d’excellents graveurs sor- tis comme lui del'Ecole des Arts graphiques de
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Montreal, 01‘] il fut l‘éleve de Dumouchel, opter pour l’enseignement. Depuis 1970, ii a pu tou- tefois se consacrer a la gravure exclusivement.
OU'EST-CE QUE LA GRAVURE?
La gravure fut long— temps considérée comme un art mineur: son role se bomait a la reproduction d'oeuvres majeures en we de leur diffusion. C‘était aussi un art utilitaire des— tiné a l'impression des é- toffes, des papiers peints, des cartes a jouer, a l’il— lustration des joumaux, etc.
L’avenement de la pho- tographie et le developpe— ment des moyens mécani- ques de reproduction la
déchargerent de cette ser--
vitude. La gravure devint art de creation.
L’écolicr qui entaille son pupitre pour y inscri- re son nom, grave. Les traits en creux qu’il a exé- cutes sont des gravures. S’il encrait ces formes et les déqualquait, il obtien— drait, au sens large du ter— mc, une estampe.
La ravure est l’art de repro uire une image par décalquage d’une forme d’impression préalable— ment encrée. Bien que les complexes techniques de gravure d’aujourd'hui dif— ferent grandement les unes des autres, tout tra- vail de gravure comprend ces trois étapes principa- les: — gravure, c‘est—a-dire confection d’une forme d'impression;
— encrage;
— impression, c’est-a-dire decalquage de l'encre re» que par la forme d’im- pression sur une feuille de papier (ou tout autre sup- port adéquat).
DES POSSIBILITES OPTIQUES INFINIES La production de Ro— bert Savoie antérieure a 1967 porte la marque de la révolution introduite dans la gravure modeme par les experiences de
Stanley Hayter chez qui l‘artiste étudia. Ce sont, selon les critiques, «des oeuvres d’une sensibilité exquise que soutient unc forte conscience des va- leurs artistiques...» (La Presse) «Assez proches de la réalité, ces gravures ne projettent pourtant pas des paysages mais retrou— vent des rythmes qui nous sont familiers.» (Le De- voir)
Depuis 1967, an chan— gement d’orientation tres net s’est produit dans l’oeuvre de Robert Savoie. Sous l’influence de New—York of: ii passe une part grandissante de son temps, l’évolution du graveur s’est poursuivie dans le sens de l’expéri- mentation visuelle.
Délaissant l’expression~ nisme abstrait mais fidele toujours a la recherche du mouvement, du rythme et de la vibration qui mar— quait les oeuvres de la premiere période, il s’en— gage alors dans la recher- che de la transformation de son moyen méme d’ex- pression. Ii substitue a la plaque gravée des mate- riaux pré-existants, en l’occurence des trames, dont la superposition donne naissance a des jeux optiques.
Entrainé par l’évolution de sa recherche, il s’af— franchit progressivement de l’univers statique et a deux dimensions de la gravure traditionnclle. Des sérigraphies sur plex- iglas en trois dimentions, ii aboutit finalement a des modules cinétiques dans lesquels le mouvement a- grandit a l’infini les possi- bilités optiques de l’oeu- vre gravée.
Au titre d’artiste, ce graveur soucieux de com- prendre les impératifs des sociétés modernes préfére aujourd‘hui celui de «technicien en art visuel».
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«Je veux peindre l'inté- riorité de l'homme, le subconscient ou plutot le non-conscient», nous dit Denis Feradouros dont les oeuvres sont exposées au Centre francophone jusqu‘au 7 mai.
Ses peintures, de gran- des fresques tout en lignes et en cercles, veulent re- presenter le mouvement, le changement. Elles ex- priment son inquiétude— «objective» — quand a l’évolution du monde. Plusieurs d'entre elles, par exemple, sont des sce- nes de guerre.
Depuis son arrivee au Canada (il est grec et a étudié et travaillé en Bel- gique et en France), il est passé d’une période abs— traite a une periode ex— pressionniste. Son style, affirme—t-ii, s’est surtout personnalisé, libéré des influences.
Toutes ses peinures po- sent les questions (et se veulent en meme temps un élément de réponsel): d’oii vient l'homme et 01‘: va-t-il?
Pour celui a qui sortir par une autre porte que ceile par laquelle il est entré porte chance, la peinture est le moyen par lequel ii peut exprimer- parce qu elle est un code qu’il est seui, sans doute, a déchiffrer — ce dont ii n’est pas permis dc pro- clamer clairement.
Denis Feradouros a tra— vaillé et appronfondi ses connaissances dans le do- maine de l'archéologie chrétienne. En fait, il est beaucoup intéressé par les religions, la phiosophie et la métaphysigue. 11 a ega— lement fait e la poterie mais la 'peinture est l‘art auquel il consacre mainte- nant tout son temps et ses energies.
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