.. WAAAAAA“ W w—w _ v“ " ~«.-\.'r- «so «~afish (saga. qAfiqq‘m- . Q. '—I‘,q A s, N am -~»d. 12 - Um, vomited 29 lain 1979 Une nouvelle coflecflOn chez Leméac Depuis novembre dernier, les editions Leméac ont lan- cé Ia collection Ouelle, et en a oonliée Ia direction a Jac- ques Grand'Maison, l‘un de nos sociologues les plus en- gages dans le combat so cial du Quebec. En dix ans, il a publié une douzaine d'ouvrages qui'traitent de questions relatives a son propre engagement social, s’étant mélé quotidienne ment pendant vingt ans a son milieu: Saint-Jérc‘Jme. , ll ne rail aucun doute que cette Iongue pratique du monde ouvrier, en ces temps de déperdition ou de tatonnements dans les sec- teurs de notre petite et moyenne industrie, l’autori- ,se a se Iivrer a des réllexions fondées sur son propre vé- cu. Grand’Maison a beau- coup a dire sur nos caren- ces et nos faiblesses here ditaires. |l le fera donc sur un ton qui évite difficile ment de se passionner. Mal lui en prend parlois de par- ler franc. Qui s'en étonne— rait? Les clairvoyants ont toujours passe pour cyni- ques. Dans Ouel homme, Grand‘- Maison embraSse la totalité de la vie, ‘de notre vie de tous les jours, dans un Que bec a l'heure de I’Amérique a la technologie débridée et a la consommation vorace. Personne n'est ménagée: d'abord l‘Homo Quebecen- cis et sa recherche de la ma- chine qui marche toute seu- le. Comment en serait-il au- trement quand sont pous— sees si loin les formes de manipulation, de condition- nement et de conlormisa- tion? Mais a I'origine de cet- te presque totale alienation de I'homme, il y a des ante oédents. Sans remonter au deluge, l’auteur s'étonne qu'a la fin du vingtieme sie cle, il y alt resurgence du mythe scientiste des Ber- thelot. Condorcet, Comte, Adam Smith et Marx. Jacques Grand'Maison I‘explique par notre myopie, notre manque de vigilance et a la lecture sans disceme ment de ces maitres qui n'ont pas su prévoir. C'est probablement ce qui a pous- sé l'imaginatif Hugo a ris- quer cette naive prophétie: “Le XIXe siécle est grand, le XXe sera heureux". Mais le poete ébloui a des croyants. En plein age scientifique que veut dire cette floraison demythologies? L DUEL HUMME? LEMEAC par Albert Brie Ce paradoxe, pour Grand" Maison est d'autant plus ir- recevable que: “Deux mon- des éclatés coexistent sans aucun lien entre eux: Ie my- thique et scientifique, la car- te astrologique et Ie Concor- de, Ie cinema et la ville". Un éveil de la conscience est-il encore possible, se de- mande Ie sociologue? ll est possible a condition de ne pas nous contenter de nous dire impuissants pclitique ment. On sait done of: le bat. blesse de ce c6té: l’impéria- lisme écononique transna- tional; le technobureaucra- tisme; les strategies moder- nes d’intégration par la pu- blicité et les médias omni- presents. L’auteur de Ouel homme ne désespere pas. Nous a- vons en main aujourd’hui les medias qui donnent une portée a nos luttes quoti- diennes. |l existe des expe- riences d’autoorganisation. Mais tout cela n’est que par- cellaire. Grand’Maison fonde beaucoup d'espoir sur la fonction critique. Mais il est loin de la donner pour acqui- se apres avoir vu, au cours de son experience d'éduca— teur, “la pauvrete des ap- prentissages nécessaires a cette maturité individuelle et collective". ll n’y a pas de lieu défini of: se pratique une facon de penser cohé‘ rente et juste. Apres avoir évoqué cette dramatique contemporaine, Grand’Maison ne voit de sa- lut qu‘en nous attelant aux taches les plus matérielles et les plus spirituelles, aux extremes de la chair et de l'esprit: “Apprendre ensem- ble a partager le pain. Re trouver notre ame qui a faim". “La prochaine revolution sera celle de la conscience humaine”, || faudra a l’hom- me un gout soudain de de- passement. A moins que ce la, conclut, Jacques Grand'— Maison, “c’en est fait de no- tre civilisation“. Notons que cinq autres ouvrages ont été publiés dans cette nouvelle collec- tion Ouollo: Ouelle fol? de Jean-Luc Hétu, Ouello edu- cation de Guy Brouillet, Ouel avonlr? et Ouolle vie? de Guy Durand, Ouolle soclété, également de Jacques Grand'Maison. Jacques , Grand” Maison ¥‘ Le Iivre Je suis touiours ravi d’a- g4 Vous doutez? t -) par Louise Anaouil Quinzieme ouvrage de Jean Tétreau, Prémonltlons, publié au Cercle du Iivre de France, met en scéne Ber- nard Lesur, “chef du service d‘expertise et d‘achats de la maison Harpin, Lariviére et Cie, importateurs de meu- bles et de tapis de la rue Saint-Paul”, a Montreal en 1927. Homme tout a fait ran- ge, “apparemment plus rai- sonnable, plus sage que la maiorité de ses sembla- bles", Bernard Lesur réve d’une jeune femme; réve pour le moins étrange qu’il réussit a s’expliquer et qu’il aurait vite oublié sans la mort de cette jeune femme peu aprés. Lui et ses amis n'y voient que simple coin- cidence et le quotidien re prend son cours... Six mois plus tard, il a un deuxiéme réve et ll y aura une deuxie me mort. Croyant des lors a cette clairvoyance, il ne pourra résister au troisiéme réve 00 ll voit sa propre mort et il se suicidera. Jean Tétreau presente son roman comme “une etu- de philosophique”. Car, Bernard Lesur, homme d‘ex- périence et de culture des années vingt, ne pouvait é- chapper au probléme moral que lui créerait sa supposée clairvoyance. Méme en ac- ceptant que "les reves pré- monitoires ne sont que la re presentation dramatique de conclusions logiques qu'on a faites a l’état de veille", explication suggérée par le 'docteur qu’il a consulté, ll ne pourra pas se résigner a savoir, ou du moins a croire qu‘il sait, sans prendre sa part de responsabilité. Nous sommes loin de I'indiftéren- ce admise de notre épo~ que... Ecrit avec un rare souci du détail, Prémonltlons n’ou- blie rien de ce qui fait aussi un personnage: ses amis, son milieu, le simple quoti- dien, l’époque en general. Ce Iivre donne la brillante demonstration de I'écriture maitrisée, d’un style sans‘ bavures et le moins qu'on puisse lui reprocher, c'est bien ce brillant un peu gla- cial du mécanisme demon- té... voir a relire Arthur BuiesJ’ai l'age des nostalgies et la mode rétro n’a rien qui m'et- fraie. H y a engoument ces annéesci pour ce qui est notre patrimoine. Et s’il est ' un patrimoine que nous de vrions honorer a genoux, c’est celui que nous Iaissa Buies dans ses écrits. Buies était un librepen- seur. ll vivait a une époque (18401901) ou la pertinence de ses declarations deve nait de I'impertinence. Con- damné par des clercs et des évéques, fouailleur de rats de sacristie et de tartuffes, conscient de l’ignorance et des enseignements mal- sains, puérils et mensonges qui se dispensaient dans les colleges et ne se génant pas pour le dire, Buies eut autant d’ennemis que cela ne peut que nous rassurer. Personne ne peut done a- voir dit autant de vérités d’e poque que lui. On ne s’ac- quiert pas d’ennemis a dire comme tout le monde. Or nous savons déja un peu ce qu‘était ce temps d’obscu- rantisme et de clergé d’état. Monsieur Bessette, bonjour! ll y a peu d'endroits, au fond, aussi vivants que les salons mortuaires. Bien sur, les voix y sont feutrées, mais les pensées intérieu- res des personnes réunies autour du mort, sont trés vi- vantes. Comme si ce lieu a- menait les gens a faire le point sur eux-mémes et sur les autres membres de leur famille. C’est ainsi, du moins, que Gerard Bessette l‘imagine dans son roman intitulé Le Cycle. Un roman qui donne a lire les monologues inté- rieurs de sept membres d’une meme famille: leurs problemes sont les memes, mais leurs points de vue dif- férents. L'auteur propose un tour d’horizon “cyclique” de chacun des personnages dans leurs pensées et selon la perception des autres. Bref, des variations infinies sur des frustrations multi- ples... Le livre est-il intéressant? Oui? Banal? Aussi... ll faut a- vouer que le Iivre, réédité par les éditions Quinze, a vieilli depuis 1972, alors FC/tez Hurtubise HMH 4 Lire et relire Arthur Buies par Yves Thériault Buies fut honni, bafoué, re jeté, et secretement applau- di. ll a trés souvent dit tout haut ce que maintes gens n’osaient exprimer, par couardise, par prudence, par lndécision. Ce fut peut- étre ce qui fit de lui un per- sonnage erratique dont il est difficile d’asservir l’oeu- vre a une méthode rigoureu- sement suivie une vie du- rant. On a dit que l‘écrit d‘a- vant-trépas contredisait l’aphorisme de jeunesse, et que Buies n'a fait que lancer des coups d‘épée dans l'eau, ou encore qu’il se bat- tait comme Don Quichotte, pourfendant sans vraiment y croire des moulins qu’il prenait pour des troupes d‘attaque. Cela est .peut-étre vrai. Encore faudrait-il scruter I‘oeuvre de cet homme en entier, la savoir disposer en époques, Ia cataloguer en quelque sorte. Mais, c’est cela meme qui est difficile. Si j’avais moi-meme a conclure de Buies (mais peut-on le faire’?), je me sen- tirais tout humble et je dirais qu’il est l'homme qui par Yves Taschereau qu’il avait valu le Prix du Gouverneur général a son auteur. L‘absence de ponc- tuation semble bien demo- dée; les points et les virgu~ les sont remplace's par des espaces blancs et les dé- buts de phrases sont signa- Iés par des majusculesl On n’y trouve pas l’absence de ponctuation d’un monolo- gue intérieur, mais plutét une ponctuation effacée. Les personnages de cette famille frustrés sexuelle- ‘ment par une religion étouf- fante font assez souvent cli- ches, et sont en plus victi- mes des études freudien- nes de l’auteur du Iivre. lls ne sont pas toujours trés convaincants tellement ils collent aux stereotypes so- ciaux et freudiens. Par con- tre, ils sont dréles assez souvent. Comme Gaétane, la sado-masochiste obsé- dée par ses menstruations, comme Anita obsédée par son curé, ou Vitaline mar- quée par un sermon sur le maquillage: “Ce baton de rouge, sa forme, son mou- vement de va-etvient sor- tant de la douille...". Arthur Buies ale mieux-su le frangais en cette fin de siécle ou il écri- vait tant. Je ne peux m’empécher de comparer Buies a Hu. bert Aquin, moins la verve chez Aquin. Tous deux p0 Iémistes, ils ont su atteindre a des forces ou a des mor- dants d‘expression qui, a la- nalyse, révélent surtout une maitrise de la langue peu commune. Il n’y aurait que ca(et H y a mille fois plus en- core) que je resterais ce que je suis, un admirateur ébahi d’Arthur Buies. Le lire est constater que c’esl I’écri- vain le plus actuel que nous ayons encore au Québec. Laurent Mailhot a compi- le de lui une Anthologie re marquable. Je veux auss en souligner l’extraordinaire in- troduction, qui révele un“ Mailhot tel qu‘en mes pen- sees ie le souhaitais deve nir un jour. A elle seule, cette introduction précé- dant l’exposé de I'oeuvre magistrale de Buies vau- drait qu’on thésaurise a ja- mais ce livre d‘une impor- tance qu‘on ne viendra peul- etre que bien trop tard. hé' las, a reconnaitre. ill-D) L On sourit assez souvent. on s‘attriste parfois, _mals les problemes du petlt Ja cob déja aliéné, ceux de Ju- lien qui se révolte pour tom- ber dans une autre alléna tion (aussi forte que celle des’ autres membres de_sa famille), semblent mom: frappant qu’il y a quelque‘t années, quand Ie llvre aval paru. Comme si le roman de Gerard Bessette s'étalt en’ tre-temps démodé. #J