4 st L'EXPRESS Semaine du 2 an 8 novembre 1993

STEPHEN EWART Press. Cundbnno

Cela défie presque la 10-

gique. es trois grands manufac- turiers de cigarettes du Cana- da ont non seulement surve- cu aux denunciations des rofessionnels de la ante, a voracité du fisc et aux con- trebandiers, ils ont meme realise des profits.

En réalité,1’industrie cana- dienne du tabac, qui énére un chiffre d'affaires e dix milliards de dollars par année, est de plus en plus prospere.

«L’industrie du tabac est un paria», affirme David Swea- nor, un avocat de Toronto représentant l’Association pour le droit des non-fumeurs. «Cela ne l’empéche pas d’étie extraordinairement rentable.»

Et, d’ajouter Me Sweanor: «ll n’est pas difficile de réali- ser d’immenses profits quand vous détenez un oligopole et

ue vous vendez votre pro- uit a des intoxiqués»

Les im ortantes hausses de taxes sur 9 tabac, l’interdiction d’annoncer ces produits et les avis de danger imprimés sur les paquets ils seront renfor- cés l’automne prochain alors gu’on pourra lire notamment

es slogans comme «Le tabac peut vous tuer» font difiidle- ment com rendre les profits record réa isés par les fabri- cants. «1m rial et Irnasco»

En 199 , Imperial Tobacco, le leader de cette industrie au Canada, a réalisé pres ue la moitié des profits de 85,6 millions annonce’s par sa com— pagnie—mere, 1masco.

Cette industrie n’en doit

moins se mesurer avec un probleme d’ima e d’une ex- treme gravité. L’ rganisation mondiale de la Santé affirme que le tabac tue 45 000 per- sonnes par année au Canada.

Meme certains administra- teurs des trois rands manu- facturiers cana iens Impe- rial, RIR-Macdonald et Roth- mans, Benson and Hedges reconnaissent que la santé f1- nanciere de leur industrie a de quoi s rendre.

En 1 70, Imperial était si in uiete de son avenir que le holding Imasco entreprit de se diverSIfier en vue d affronter des années de vaches maigres, notamment en achetant la fiducie Canada Trust et la chaine Shoppers Drug Mart.

«Cette diversification fut réalisée a l’époque parce que nous croyions, a ce moment la, que notre potentiel de crois- sance a long terme était diffi- cile a établir», souli ne Peter McBride, rte-pare e d’lmas- co, dont e siege social est a Montréal. «En réalité, seule- ment en terme de revenus, l’industrie du tabac continue de croitre assez rapidement.»

L’industrie est demeurée rentable malgré ses hausses de prix qui sont marginales pour le consommateur com- parativement a l’au menta- tion des taxes sur les Cigarettes et, surtout, en maintenant l’efficacité de ses operations.

Le ciel n’est toutefois pas sans nuagles, pour l’industrie du tabac. y a aujourd’hui 58 millions de fumeurs au Cana- da. Au milieu des années 60, i1 y en avait deux fois plus. Ce déclin constant de la clientele représente la plus grande in-

DOSSJUER . Contre toutes attentes, les compagnies de tabac font des affaires d’or!

quiétude pour cette industrie gui emploie 50 5(1) Canadiens, irectement ou ind irectement. [l y a également le lobby anti-tabac qui s’assure que personne n’oublie les mortels effets du tabac sur la santé des Canadiens. «L’industrie ne discute les questions perti- nentes la santé, affirme Rob Parker, president du Conseil des manufacturiers canadiens de tabac. Les risques pour la santé sont bien connus de tous les fumeurs.» M. Parker est conscient, d’ailleurs, que la clientele de cette industrie ne cesse de décliner. La boule de cristal ue l’on aperqoit sur son pupitre, dans son bureau d’Ottawa, ne lui a encore communiqué aucune solu- tion, a ce cha itre. Lorsqu’on lui demande e tracer l’avenir

de cette industrie, i1 ne peut que hausser les épaules.

Tony Tsoi, un analyste de l’industrie du tabac aupres de Nesbit Thomson, 3 Toronto, prévoit que les manufactures canadiennes de tabac demeu- reront rentables a court terme, mais il croit que la stratégie d’Imasco conSistant a diversi- fier ses operations s’avérera éventuellement judicieuse.

«)e crois que la diversifica- tion constitue une bonne deci- sion, mais les investisseurs semblent aimer les produits du tabac», dit-il.

Les investisseurs ont tou- ché un dividende de 3,70 5

ar action de la compagnie

othmans, l’an dernier. La compa nie a commencé a verser ’im ortants dividen- des apres s étre détachée des brasseries Carling O’Keefe, a la fin des années 80, pour se consacrer uniquement aux produits du tabac.

«Nous avons décidé de Concentrer nos efforts sur ce que nous connaissions et fai- Sions 1e mieux, explique John McDonald, orte-parole de Rothmans. ’est un environ- nement difficile, mais nous croyons que nos 0 érations demeureront rentab es.»

Rothmans com te environ 1100 em loyés, RHEen a 8“) et Imperialp— qui occupe 66% du marché avec des marques telles Players et Du Maurier - a un personnel de 2400 tra- vailleurs. Les plantations de ces manufacturiers s’étendent dans de nombreuses régions canadiennes, notamment celle de Juliette au Quebec et de Guelph en Ontario, et leurs sieges sociaux ont ignon sur rue a Montreal et oronto. l] y a environ 1200 producteurs de tabac, au Canada, la majorité dans le sud-ouest ontarien.

Des milliers d’em lois dans le commerce de d tail dépen- dent également du tabac.

Rothmans et RIR-Macdo- nald ne font que dans le tabac, contrairement a Ieurs com- pagnies-méres des Etats-Unis,

hilip Morris et RJR-Nabisco, qui sont d’im ortants inter- venants dans ’industrie ali- mentaire. Les manufacturiers canadiens de tabac n’ont pas a s’inquiéter des forces du mar- ché comme c’est le cas pour leurs confreres américains, explique M. Tsoi.

Les gouvernements du Canada ont d'ailleurs joué un rOle majeur dans l’isolement dans lequel se trouve les trois

rands manufacturiers cana-

iens. «Les tentatives des gou- vernements pour éliminer 1e taba isme ont eu un im act certain», explique M. TSOi, en rappelant que les taxes sur les cigarettes ainsi que les pro- grammes anti-tabac générent

es dépenses de 7 milliards par année. En interdisant la publicité, le gouvernement a empéché de nouvelles firmes de s’implanter sur le marché. Les uerres de prix sont pres- que ors de question lorsque les taxes representent 70 "/o du prix d’un paéguet de cigarettes s’écoulant 6, S au détail.

Aux Etats-Unis, les actions de Philip Morris ont connu une forte baisse ce printemps. Une guerre des prix avait no- tamment fait chuter sa princi- pale marque, les Marlboro.

Certains manufacturiers américains, ui controlent le tiers du marc é dans ce pays, vendent leurs C1 arettes sans label a la moiti du prix des marques connues.

La situation aux EtatsUnis ourrait d’ailleurs bientét af- ter le marché canadien.

Les hausses de taxes qui seraient bientot annoncées l’administration Clinton feront grimper 1e prix des cigarettes et urraient influencer la con- tre nde en direction du Cana- da. Les taxes plus élevées, en effet, réduiraient d’autant les profits des contrebandiers

M. Parker affirme ue jus u’a 27 °/o des cigarettes ven ues au Canada sont pas- sées en contrebande. Il estime

u’il s’agit-la d’un probleme

e taille pour les distributeurs et les détaillants, notamment Eour les chaines Sho ers

rug Mart et United igar Stores opérées par Imasco. Ce holding estime avoir perdu 40 millions de dollars l’an demier a cause de la contrebande.

M. Tsoi note our sa part

que la ma'orité es cigarettes

e contre ande prowennent d’exportations de firmes cana- diennes vers les Etats-Unis qui sont ramenées au Canada, Si bien que les manufacturiers continuent de toucher un pro- fit sur ces cargaisons.

Cependant, des problemes de plus gzande envergure pointent. lobby anti-tabac réclame en effet que les manu- facturiers de cigarettes soient tenus res onsab es des risques posés, si ien que les erson- nes frappées de maladies liées au tabagisme pourraient les poursuivre. Les lobbyistes ré- clament également que les ci—

arettes soient toutes vendues ans des paquets identiques, si bien que es marques les plus réputées perdraient toute valeur aux yeux de la clientele.

L’Europe en guerre contre

le tabagisme passif

PARIS (AP) Un peu plus d’un an apres l’application de la loi anti-tabac qui réserve notamment des zones fu- meurs sur les lieux de travail, et face an nombre croissant d’études scien- tifiques dénoncant les effets toxi ues des atmospheres «tabagiques», 1 Eu- rope entend faire 1a guerre au taba- gisme passif.

Autour du slogan «Pas de fumée entre nous», des associations et des ligues contre le cancer et le tabagisme appartenant ou non a la commu- nauté européenne ont lancé récem- ment des campa nes destinées 3 ex-

liquer au gran public quels sont es angers d’un environnement pol- lué par la fumée du tabac et com— ment y remédier.

Du 11 au 17 octobre, des initiatives, tres variées d’un pays a l’autre, ont vu le jour: une permanence téléphoni ue

our les enfants élevés dans es amilles de fumeurs en Allemagne; un séminaire sur les aspects comporte- mentaux du fumeur a Dublin; une conference a l’intention des métiers de la santé concernant les coffrets de sen- sibilisation au tabagisme passif au Royaume-Uni.

Un message télévisé de 15 secondes a été diffuse sur les principales chaines de téléVision dans huit pays.

«Le taba isme est responsable d’en- viron 65 01 morts rématurés par an, ce qui équivaut a 1P70 morts par jour que ce soit par cancer, infarctus ou in- suffisance respiratoire», a rappelé Philippe Douste-Blazy, ministre francais délégué a la santé.

o ,. ”N... .. a:

Le lobby anti-rebate attaque

JOHN WARD PMS. enduring

OTTAWA - la guerre que se livre 1e lob- by anti-tabac et l’industrie du tabac ne semble pas avoir de fin.

Les principaux rotagonistes sont l’Association pour es droits des non- fumeurs, sous la gouverne de Garfield Mahood, dont les bureaux sont installés a Toronto, et.Le Conseil des manufacturiers de tabac du Canada et son president, Rob Parker, 3 Ottawa.

«Ce qui distingue ce mouVement des autres lobbys, c’est sa lutte qui estcon-i stante», affirme Sean Moore, éditeurde Lobby Monitor, une publication portant sur les lobb 5 et Ieurs causes.

«Dans es autres domaines, ces groupements sont actifsjusqu’a oe qu’une

écismn soit prise, puis ils se retirent pen- dant un certain temps. Dans le domaine du tabac, tel n'est pas le cas has questions sont constamment en suspens et’il n’y a jamais de tréve.»

Les deux antagonistes sont d’ailleurs tres différents l’un de l’autre.

M. Mahood, 52 ans, est un avocat or- tant barbe qui parle avec l’air convaincu des zélotes.

De son bureau de Toronto, il travaille beaucoup téléphone pour communi- quer avec es journalistes, les chercheurs et les adversaires du tabagisme. 11 pos- sede une montagne d'informations sur le taba isme et ses effets sur la santé et en inon e sesinterlocuteurs

M. Parker, 49 ans, doit our sa part faire la navette entre Montr 1, Toronto et Ottawa. Ses appels téléphoniques, i1 doit trés souvent les faire d’une chambre d’ho- tel ou de l'aéroport, ainsi que dans les luxueux bureaux qu’il occupe non loin de la Colline arlementaire.

M. ood, un non-fumeur ui aime se vétir de facon détendue, est a ’avant- garde de la lutte au tabagisme depuis

1975. Avant cela, i1 condamnait les at- teintes a l’environnement.

M. Parker, un «fumeur occasiGnnel» portant com let trois-pieces, est un ancien journa iste, ex-député et ex-vice- president de la Banque Royale qui dirige au'ourd’hui sa propre compagnie de con- 5 tants

Son premier et plus important client fut le Conseil des manufacturiers de tabac, pour lequel il travaille a temps partiel.

Le Conseit représente les plus impor— tantes compagnies de tabac.

_ , 11 compte sur un personnel permanent

1‘ de quatre personnes, en dplus de M. Par- ker, et repose sur un bu get qu’il refuse de rendre ublic.

Quant l'organisation de M. Mahood, elle pourrait étre com ée a la formation d’un groupe de guéri a.

Sa fondatrice, Rosalie Berlin, ne touchait aucun revenu lors u’elle l'a créée, au milieu des années 7 . Auiour- d'hui, M. Mahood n’est u’un des huit em loyés a plein temps de ’organisme.

11 est d ailleurs as sfir du budget de l’Association: «C est probablement 100 000 S de moins que ce que nous dépensons.» Les fonds proviennent de dons privés.

Au cours des dernieres années, l'in- dustrie du tabac a fait face a divers obsta- cles.

La publicité a été interdite. Les taxes se sont multi liées. Les endroits ou il est in- terdit de umer pullulent: commerces, restaurants, bureaux, edifices publics, etc. Les paquets de cigarettes devront orter des avis médicaux encore plus sév res, a com ter de cet automne.

. Mahood et son groupe ne sont pas satisfaits. Ils réclament des taxes élevées a l’exportation pour combattre 1a contre- bande, un interdit sur les paquets de 15 cigarettes - qui seraient surtout mis en marché au benéfice des jeunes ~ et une stricte surveillance des distributeurs.

M. Mahood affirme que les decisions prises au cours des dernieres années con-

tre l’industrie du tabac a contribué a faire .

diminuer 1e nombre des fumeurs. Des de- cisions encore plus sévéres réduiraient encore lus leur nombre, soutient-il.

M. arker nie 1e phénoméne et affirme que le tabagisme a été en constant déclin au Canada et aux Elms-Unis depuis main- tenant 30 ans, sans e les taxes élevées et l'interdit sur la ub icité n’en soit respon- sables. Si M. ahood obtient du succés dans sa cam agne, c’est en partie parce qu'il réussit mobiliser les grands orga-

nismes nationaux de santé, notamment la 11

Société canadienne du‘camer. W”

«C‘est la une de nos meilleures realisa- tions, affirme M. Mahood. Durant de nombreuses années, les organisations na- tionales de santé refusaient de s'impli- quer ouvertement dans cette lutte.

«Aujourd’hui, grace a ces organismes nationaux, nous pouvons lancer des dé- bats pertinents et éduquer le public.»

Ce travail, i1 le fait en multipliant les discours contre le tabagisme, en publiant des statistiques horrifiantes sur ses effets sur la santé et en tenant constamment l’ind ustrie du tabac sur la defensive.

«C’est le seul roduit légal qui tue lorsqu’on l’utilise e la facon pour laque- lle il a été concu», rappelle-t-‘il.

M. Mahood accuse d’ailleurs l’indus- trie du tabac de se livrer a la «désinforma- tion» et a la «duperie».

M. Parker n’est aucunement d’accord: «11 me semble raisonnable que le fabricant d’un produit légal, face aux accusations portées contre cette industrie, ait droit de répli ue.» .

« ’est ce que nous faisons, nous défendre. Nous ne profitons pas de ces occasions ur romouvoir 1e mbac.»

Pour Ma ood, l’industrie du tabac ne peut fournir aucune defense réelle et n'a aucun endroit pour camoufler ses torts.

Les fumeurs en herbes deviennent les plus grands fumeurs d’herbe

CHICAGO (AP) Les écoliers qui com- mencent a firmer avant Page de 12 ans ont beaucoup plus de ris ue que les autres dc devenir par la suite e grands fumeurs, selon une étude médicale publiée récem- ment dans le Journal de l'Association médicale américaine.

«Ceci montre ue les ieunes enfants sont plus vulnérables l’attrait - si on peut l’ap- peler ainsi'~ du tabagisme. Des 1e moment or] ils grandissent et se rendent compte des consé uences du tabagisme, ils sont déja dépen ants», estime le Dr Luis G. Escobe- do, épidémiolo iste au Centre de controle des maladies ( DC) 3 Atlanta et directeur de l’étude.

Ainsi, 42 % de ceux qui ont commencé a fumer a 12 ans ou avant sont devenus de gros fumeurs, contre un pourcentage de

9% pour ceux qui ont commencé a 13 ans ou lus. Dans l’ensemble, 72 “/0 des quel ue 11 enfants américains interrogés en 1390 ont fumé au moins une cigarette et 32 % sont des-fumeurs réguliers ou occasionnels. Ces derniers sont ceux qui fument moins de cinq cigarettes r mois

Selon l’étu e, l’initiation a la premiere cigarette (celle ue l’on fume entierement et

ui conduit a umer ensuite) est tres forte c e2 les 13—14 ans avant de décliner pro- gressivement a res 16 ans. A l’inverse, 1e pourcenta e d écoliers fumant réguliere- ment est e 25 "/0 chez ceux ui ne pra- tiquent pas de sport contre 11 “o chez ceux qui pratiquent trois sports au moins.

«Ceci prouve que la pratique du sport

eut étre 1’un des mo ens de toucher les ieunes et de les em “c er de commencer a fumer», estime 1e Escobedo pour qui il est important de prévenir 1e tabagisme des l’enfance.

ERIC SlBLIN

Presse Canadienne

Fermez les yeux et tentez d'imaginer ce qui se produirait si 1e gouvernement fédéral décidait d’interdire la cigarette.

Des motonei es tirant des traineaux charg 5 de caisses de

La contrebande des cigarettes oule retour de la Prohibition des années 30

de l’Etat de New York et de l’On- tario.

Dans beaucoup de villes du Québec, le trafic est mieux organisé que la livraison de certaines grandes chaines de pizza. Les trafi- quants rennent les commandes par tél phone et livrent sur de- mande, souvent en moins d’une

cigarettes traverseraient illégale- merit la frontiére entre l’Etat de New York et le Quebec. Les produc- teurs de tabac devraient s’armer pour protéger Ieurs récoltes. Cer- tains toucheraient des profits de 350 000 5 par année en faisant la contre- bance des cigarettes.

Rouvrez les yeux et imaginez- vous que la cigarette ne soit pas illé— gale, mais que les histoires précé-

entes sont toutes véridiques.

«C’est comme si nous nous re- trouvions a l’époque de la Prohibi- tion, dans les années 30», affirme Germain Ducharme, qui produit du tabac dans la région de Joliette et dont les séchoirs ont été dévalisés a trois re rises, l’automne dernier.

M. charme a acheté un chien dressé a l'attaque pour surveiller

THE ADULT CHAT LINE

ses ballots de feuilles de tabac, en espérant qu’il ne devra pas s’armer comme l‘ont fait plusieurs produc— teurs du Québec.

La contrebande de cigarettes, qui a privé les gouvernements fédéral et provinciaux de taxes totalisant quelque 1,4 milliard de dollars, en 1991, s’est étendue a tout le pays, au point qu’un paquet de ci arettes sur uatre, consommé au anada, provient de la contrebande.

L’industrie du tabac soutient pour sa part ue jusqu’a 27 % des cigarettes ven ues dans notre pays proviennent du marché de la con- trebande, chiffre que la GRC juge assez précis.

«Tout 1e monde semble en faire le commerce», d’affirmer le roprié- taire d’un dépanneur de ontréal qui a été récemment victime d’un raid policier pour avoir vendu des cigarettes de contrebande. «Vous avez 1e choix des fournisseurs. Vous pouvez vous rendre dans le China- town ou faire affaires avec des dis— tributeurs recs, italiens ou fran- cophones. ous pouvez également vous rendre directement dans les reserves mohawks»

Alors qu'il vend quelques Ciga-

rettes a un client elles se vendent 30 cents piece, ratique qui est également illéga e - le caissier af- firme que les affaires vont mal depuis que son commerce de ciga- rettes «a has prix» a cessé a cause d’un agent double qui l’avait

dénoncé. «Ce n’est pas que le com— merce des cigarettes qui en souffre, se lamente-t-il. Des clients venus acheter des cigarettes en profitaient pour acheter vingt dollars d’épice- rie.» Le surintendant Claude Ro- bitaille, de la GRC, qui est en charge

7 minutes dans la Vie d’un fumeur

ATLANTA (AP) Qiaque cigarette vole sept minutes de vie. Au total, les fumeurs américains ont perdu 5,04 millions d'années de vie en

1990, selon une etude publiée ' prevention des maladies (CDC).

eudi par le Centre de surveillance et de

[2 CDC, un organisme gouvernemental, a recensé pour 1990 418 690 décés dus a la consommation de cigarettes. Celle des cigares, pipes et tabac a chiquer n’a pas été prise en compte. Ce chiffre représente 20 % de tous les décés survenus en 1990 aux Etats-Unis. La cigarette a fait plus de morts cette année-la que l’alcool, les drogues, les accidents de voitures et le sida réunis, a récisé le docteur Michael Eriksen.

Selon les calmls du C

., chaque minute passée a tirer sur une ciga-

rette équivaut a une minute de vie en moins. Un fumeur mo en met sept minutes a finir sa cigarette. On compte qililelque 46 mil ions de

fumeurs aux Etats-Unis et 44 millions d ’anCiens

meurs. Le nombre de

fumeurs diminue ulierement depuis 1964 et le CDC commence 2.

constater une baisse

u nombre de deces dus au tabac.

des enquétes sur la contrebande des cigarettes, au Quebec, révele que le nombre des saisies, au Canada, a double entre 1991 et 1992.

«Les choses ne font qu‘empirer», d’ajouter M. Robitaille, qui souligne que les amendes, pour ceux qui sont reconnus coupables, ont atteint iusqu'a 200 000 5. Les mordus de la nicotine, qui dénoncent les ou- vernements dont les taxes represen- tent 36 5 sur une cartouche se detail- 1ant48 S, ne semblent pas avoir de remords en violant la legislation sur le tabac et en encourageant Ia contre- bande. A Montreal, on peut acheter une cartouche de cigarettes our 22 a 25 5. Un seul paquet ache légale- ment cofite environ 6,50 S tandis

ue sur le marché de la contrebande iln’en C0111? que 3511 S environ.

Ces cigarettes «illégales» sont presque toutes fabriquées au Cana- da et exportées légalement aux Etats-Unis, sans étre t'ra pées par le fisc, et sont rdlite‘llét’\ i légalement en territoire t‘rilll‘idlé’ll.

Beaucoup ties routes qu’em- pruntent les t‘i‘lttrt‘l‘dlhllt‘l’\ passent par le Quebec, souvent .‘t travers la reserve moliawk d'Akwemsne qui clievaiicht' les troiitieres du Quebec,

heure. Certains vendeurs font méme du porte a porte.

Pour certains responsables de ce marché noir, la contrebande des cigarettes représente un commerce tr s lucratif qui n'est as aussi moralement condamnab e que cer- taines autres activités criminelles.

Dans une récente interview avec le journal La Tribune, de Sher- brooke, un trafi uant identifié sous le pre’nom de fired confiait qu/il vendait em'iron 50 caisses ~ cha- cune contenant 50 cartouches - de cigarettes par semaine, lors de ses tem . libres.

red, qui emploie lusieurs livreurs, paie de 13 31. 5 la car- touche qu'il revend 24 S. Ce trafic Iiii permet de toucher 351) 001) 5 par année de profits. .

Quant au petit dépanneur du coin qui constate que ses éta 7eres de Cigarettes sont tres difficllvs a écouler, 11 se demande si les affaires vont reprendre un jour.

«Tout ce que ie sais, c'est que les trafiquants que ie connais con- d iiisent tous des plus grosses voitures et desplus 'ros camions que moi», contie-t-i . «Je ne suis peutétre pas dans le bon métier.»