2 -- L’EXPRESS DE TORONTO

Histoire du sida (2e partie)

“Sematne du 24 au 30 octobre Atggs

Avant 1980,1638 épidémies de sida étaient moins spectaculaires et passaient ainsi inapereues

par BERNARD COURTE

Nous poursuivons 1a presentation du livre HLuoire du sida dc Mirko D (innek. avec des extraits commente’s.

}aétan Dugas, "patient zéro"

Agent de hord pour Air (kinada, (iaétan Dugas' aurait inleeté soil di rectement, soit par personnes inter~ wsées au moins 40 des 248 malades américains diagnostiqués avant avril 1988 (9 des 19 premiers cas de Los Ang1lcs,22 de New York e19 dans 8 aiitres villes américaines). LLS cheri'heurs (les (entres for Disease Control (CDC) le sumommerent "patient Iéro”, decidant ainsi qu‘il 612111 {1 l'origine du sida aux EtaLs-Unis.

1c cas de Dugas est a la fois exemplaire e1 caricatural. la de— monstration epidémiologique de son role de maillon central de' point d‘intersection", dans un réseau de contacts sexuels en chaine étahlit 1a réalité de la transmission intime, l'acm'ité dc ('crtains. son danger in- fec tie ux et contagieux.

"Gaétan Dugas 11 612111 pas un ci- toyen des Etats- Unis, ce qui faisait de lui un bouc émissairc tout indiqué

Mais 11 fallait sc rcndre a I evidence: on n’avait aucune raison plausible de dire que la maladie était venue du

"Si. au début (1e l’épidémie, Dugas en fut un "promoteur" sans pareil. ccla ne prouve pas encore qu'il ait 6115 cf— fmtivement 1e "patient zero" au sens fort de ce tenne. 11 a certainement "donné" le genne a un bon nombre de ses mneriaires américains mais cela n ‘exclut nullement qu '11 ait pu 1e' re- cevoir" lui—méme d‘un Américain. Notons que cenains de ses partenaires manifestiu'ent avant lui des sympto— mm' de la maladie."

On se souvicndra que cette histoire du patient 730 a recu beaucoup de publicité 1 la fin de 1987 avec la pa- rtition du livre de I‘Américain Randy Shilts. And The Band Played On: Po litics, People and the AJDS Epidemic. Reprenant oetie donnée des CDC. Shilts raconte de faeon romancée que dans les saunas de San Francisco, Los Angeles, Vancouver, Toronto e1 New York. Dugas s'est livré a de multiples relations sexuelles et aurait ensuite declare a ses partenaires: ".1'ai 1e cancer gai. Je vais mourir et toi aussi." ll n‘y a cependant aucune mention du travail qu‘il a fait au comité sida de Vancouvera l'eté de 1983: "11 tentait d'éduquer les gens au sujet du sida. ll apponait bmucoup de bonne humeur

et aidait 1 rendre moins negative la si- tuation," a dit Brian Welsh. du comité sida, en entrevue au magazine Ma- clean's en octobre 1987. Dugas est mort a Quebec en mars 1984.

Soulignons d’une part. qu'en 1981, on ne mnnaissait pas exac- tement la cause ni le mode dc transmission du soi-disant "cancer gai" etque. d’autre part, les cancers dc 1a peau (Dugas avail dcs lesions dc sarcome de Kaposi) ne se transrnettent pas habituellement par voie sexuelle. Ce n'est que deux ans plus lard que Montagnier a isolé le VIH e1 qu‘on a mieux compris la transmission do care maladie.

Risques d’infeetion

"D'apres les enquétes épidémio logiques des deux deniieres années. 1e risque que court une pcrsonne de de- venir séropositive a la suite dc rela tions homosexuelles ou hétérosexucllcs (non protégées) grandit avee lc nombre des pane- naires. avec la fréqucntr d‘autres maladies sexuellement transmissiblcs ct avec des platiques sexuelles traumatisantes."

11 me faut souligner 1ci que trop

souvent. la notion de sexualite pru- dente ou sécuri-sexe (en anglais, safer sex) échappe 1 l’analyse des cher- cheurs e1 joumalistes. Il faudrait toujours dire que le nombre de par— tenaires n‘ y est pour rien dansla transmission du VIH si les relations sont protégées. c ‘est-adire que la pénétration anale ou vaginale est ef» fectuée en utilisant conoctement un condom.

“Le mode de transmission le plus emcace est la transfusion dc sang complete ou la perfusion dc produits sanguins concentrés Toutefois méme s '11 est introduit ainsi dans un organisme sain 1e virus VlH ne 5‘ y installe pas toujours ou au moins, ne provoque pas toujours de reactions immunitaires Environ 10% de transfusés ayant recu du sang infecté ne subissent pas de séroconversion.

"Cher. les toxicomancs qui s'in- joctent de l’héro‘t'ne ou d‘autres dro gues, la transmission peut se faire par l'(xhange de seringues ct d‘aiguilles non désinfe/ctées. Une piqt‘ire acri- dentelle dans la chair par une aiguille utilisée lors (1‘ 11110 intervention sur une petsonne séropositive peut trans- meure 1e sida mais cela se produit trés raremenL (...)

"La mere contaminée peut transmetrrc 1c virus du sida 1 son en-

fant pendant la vie intra uterine. On a détocté la presence du VlH darts les tissus foetaux. Une mere sézopositive peut infecter son enfant aussi par l‘allaitemcnt. (...)

"Du point de vue épidémiologique. toutes ces voies paraissait relati- vement limitées dans la mesure ()1‘1 11 n‘y a de contagion ni par les voles aériennes, n1 par l'ingestton, n1 par Ie simple contact avec le poneur ou les objets souillés."

"Plusieurs facteurs se conjuguent pour cxposer aux ravages du stda les hém'i‘nomanes et autres habitués des drogues administrécs par piqt‘ire, no tamment les injections plun’quo tidiennes, la vie en groupe. 1e panage de la seringue et des aiguilles. l’ah sence d'hygiene personnelle, la pro mtscuité, la prostitution homosexuelle e1 hétérosexuclle, l‘intoxitation chronique et l‘affaihlissement general de l‘organisme c1, enfin. 1e mépris du danger. Ayant un urgent bmom d'argent pour se procurcr de la drogue e1 étant rarement capablcs d'un travail régulier suffisammcnt rémunéré. les toxtcomancs s‘adonnent souvent a la prostitution et. dans les pays ou c'cst possible, vendent leur sang. ”l'outes ces circonstances eurent des conse- quenccs graves e1 faciliterent l'ex— pansion du sida." Aioutons qu‘au Canada e1 au Quebec on ne pcut

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vendrc son sang et que depuis 1085. les risques de transmission par le sang sont presque nuls puisque les dons dc sang sont analyses soignettsemcnt.

Les débuts de la maladie

"l)’apres les enquétes ollicielles, ljépidémie de .sida a commence aux EtaLs—Unis en 19711. Par des recou- pemen Ls' épidéniiologtques, on peut 1a faire renionter a 1976, année de la céléthon du hicentenaire de l'ln- dépendance. 1a maladie fut reconnue réuospa‘tiveinent che/ des personnes mtgnees en laurope des decenibre 1976. Mats estice 1e \Tai debut?"

Un virus dc type VI 11 semhle avoir éte present che/ des popuL'tUons hu- maines au moms depuis les années 1950. D'apres‘ les calculs (1e Rohen (iallo e1 Howard 10111111, le VIH-1 exciterait en tant que immune huniain depuis au nioins 211 ans mats pas au- dela de 1111) ans.

"La pandemic (epidemic (1111 al- teint un grand nombre de personnesi qu1 £111 en ce moment resulte de la superposition d‘au lllt1llls deux epi demies dillerentes I‘lles sont pro Vtxiiiees par deux ilt‘n1lt‘\(1|\lllkl_\ qui ne sont pas genetiqtmnent relies l'un :1 l'autre par une destendnnte 11111111“ la pretiiiere epideiiiic'xiiie .iti V111 1, fut identiliee pgtr les niédccins aiiieritains toninie tine iii.il;idie par Ucultete et iiisqii‘alors inmiinue. la seconde epidemic, due tiu V1113). s1 1:111 pnihlanient passee inapergue, si la gnivite de la premiere n'mait pas algutrsc‘ le regard (It‘s lilédk‘kll“ ('1 (1|- rtge 11's ret hen 111's ties \iroloeistes (‘ette seconde epidemic 1111 1111 depart (untoiinee (kills (in seul loyei. en Alrique de l‘( )uesl. tandis que 111 (its sentination iiiondiale (111 VIH] (161111111 par trots loyers. l'un e11 Alri- que centnile et les deux autres siir les cotes (1e l'Anienquc du Nird. Les deux foyers aniericains ont certai— nenient tine origine commune. mats on ne salt pas \I les llamhees sur les deux continents s1 int indetx'ndantes (‘1 e11 quelque sone paralleles ou st l‘une a allunie l'autre. "

"Meme si 1e \1(L1 est originamc (l'Airique ct si le toser atncain cs1 plus ancien que le foyer antericain. cela n’exclut pas la possibilite (l'une reintroduction en Alnque d'une souche non autochuine e1 pilfllt‘lL lierement Virulente. 11 ne faut pas oiihlier deux lttits epidéniiologiques de toute premiere tniportance: (11 1e \1(L1 sous .sa fonne épitlémiquc est une ninludie aussi nouvellc pour l‘Alrique que pour I'Anienque; (31 dans L1 deuxienie phase (11' la pandemic ac- tuellc. 1e nionde entier s'est inlecli' essenuellenienl ii pttnir de souches antertcaines Aunt l'eniergence du sida ( heI les 111 iniosexuels antertcains. les souches alricaines du sida furent inmxiuites en liumpe :1 plusietirs rc- prises mats tie donnerent lieu (111 '51 des inle1 uons snimdiques.

"11 est possible. et meme ties pro~ haihle. qu‘il n'y 1111 iii reservoir animal pnnlc'gn‘ dii 111V 1. iii reservoir hu- main sous loriiie d‘iine population isolee (‘1 lortcnient inlet lee. Innis que depths qiiclqties siet les tic-1.1 (‘e \‘ll’11\

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persiste epiiipille d.ins 1e nionde e1 ne se nianifesle qu'en \11111111111‘. p.11 des cas .sponidiques ('1 par de petites ("plr

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('onsL'mt‘es qtii liit'iliterent la transmission (les .soiiches tres Virii» lentes d'iin i'irus ancien. :1 savoir des rapports .sexuels d‘un type qualiti-

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amoureux. Massage des populations ct voyages avec un elargissement im- portant du choix des partenaires. etc). introduction du sang (l'autnn ou de produtts divers dans' Ie sang en cir- culation ou cn rupture de la patho céxiose due essentiellement :1 la diminution tres forte d'autres mala» dies infectieusr's. la plupan de ces evenements sont des anefacts cul- turels 111's recents." 1e terme "pa lhocénose" est un neologisme utilise par (11'1an pour denire son concept d‘équilihre .suhtil entre les microbes qui causent des maladies. “11.11 regle generale. la mthocenose change et des flt‘aux "nouveaux" surgissent apnes tous les hiuleversernents démo graphiques. lls frappent souvent dc faeon selective (les groupes "fragi— lises". Quatre granites nipttires d'é— qutlihrt' [xithocéniquc se sont pmduites dans le passe (111 monde oc- cidental: 2111 Neolithique, avec le pas» sage au mode de Vie sedentaire; au Haut Moyen- Age, avec les migrations des peuples venant (l‘Asie; 51 In Re— naissance. avec L'I decotiverte dc I'Aniérique; e1, enfm. it notre etioquc, avcc l'unificaU()n mondiale (lu pool dcs gennes pathogenes (‘1 avec la chute .s'rxx‘taeulaire de 111 plupan des maladies inlectieuses."

pour moi, ea comptel”

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