Concours de tueurs ’de mouches

C’est sans doute le plus original des concours jamais organisés. Il s’est déroulé au

Népal pour lutter contre une épidémie de choléra. Six cents roupies népalaises - soit un demi-dollar environ

30 P’TITES MINUTES avecnogertacroix

’L’EXPRESS, vendredi 7 avril 1978 - 13

l- ont recompense ceux qui rcre la population de in rela-

ont apporté au Jury l’équ1~ ‘tion entre la proliferation

valent de 36 kilos de (les mouches et le cholera,

mouches mortes. contrairement a la croyance

populaire qui impute les épi-

En lancant cette cam- émies aux coleres du dieu

pagne, les nutorités népa- ermaphrodite Machendra- laises entendaient convain- nth.

(deuxieme partie)

Devoir et conscience sont synonymes

La semaine demiere, le brigadier général Roger Lacroix, commandant du 10e Groupement aérien tactique de l’ar- mée canadienne a la base de Saint-Hubert (Québec), racon- tait comment il a cheminé de sa ville natale de Hawkesbury (Ontario) 2‘: Saint-Basile-le—Grand (Quebec) 01‘: i1 habite ac- tuellement.

Toujours sur 1e meme ton badin, i1 nous livre maintenant ses impressions sur l’aspect de la vie militaire.

Par Guy O'Bomsawin

photos Forces canadiennes

Toujours pilote

o Est-ce que vous pilotez toujours?

Oui, mais moins souvent évidemment, parce que plus son monte en hiérarchie, plus on devient embété par la bureaucratie. Mais je m’efforce de faire au moins cent (he'ures de vol par année.

Le brigadier general accompagné du capitaine Chester. du groupement aérien de la défense a North Bay (Ontario).

0 Avez—vous un avion personnel?

Non. Je me sers des avions opérationnels des esca- drilles. Des CF—5. 11 me faut passer des examens, comme les autres. Je dois faire une envoiée d’examen avec un pilote opérationnel, afin qu'on sache si je suis capable de manoeuvrer comme du monde. J ’ai donc un lieutenant qui me dit quoi faire, qui me dit ce qui ne va pas, et puis je cor- rige mes erreurs en esSayant de ne pas me casser 1e nez !

0 Pouvez-vous nous raconter des anecdotes relativement 51 ca? Parce que j’imagine que le lieutenant n’est pas tou- Jours tres a i’aise de dire au générai On descends trop. In . . .

PM? 708 A ‘7 : (Ces textes sont iournns par le Secretanai d'Etat)

Oh, ils ne se génent pas, parce que ce sont leurs fesses qui sont assises la. J e les avertis de ne pas me laisser faire, parce que mes fesses y sont aussi.

Mon attitude envers mes subalternes est quand méme'

amicale. J 'aime bien m‘amuser avec eux, quand on se ren- contre au mess des officiers.

0 Je trouve que vous étes quelqu’un de tres sympathique, de tres humain!

Comme ca, ca rend les gens beaucoup plus a l‘aise. Méme si on a un grade supérieur, ces gens-la sont des étres humains, et lorsque vous voulez avoir 1e meilleur d’eux- memes, il faut qu’ils se sentent a l’aise et qu’ils aiment travailier avec vous.

L’aspect humain

0 De vous entendre parler comme ca, peut nous paraitre étonnant parce que nous, les civils, avons peut—étre une perception différente des militaires. 0n leur dit de tourner a gauche, et ils toument a gauche; on leur dit de tourner a droite, et ils tournent s droite. L’humanisme on les rela- tions humaines la-dedans, allez-y voir ! Qu’est—ce que c’est le monde militaire?

Si on parle de l‘infanterieLpar exemple, 1e travail n’est vraiment pas drole. Le soldat est au front, et il va se faire tirer dessus. Les gars d’en face ont de vraies cartouches, et l’officier est en arriére de lui pour lui dire d’avancer. S’il est trop ami avec lui, le fantassin va lui dire dehe-moi, je n'avance pas! 11 y a des fois ou i1 faut “botter” les soldats pour les faire avancer, mais il y a un juste milieu entre la discipline et les relations humaines. Il faut que le soldat comprenne ce qu'il a a faire et qu’il 1e fasse.

O Avez-vous déja vécu cette situation, qui est celle d’en- voyer des soldats sur la ligne de feu?

Non, je ne connais pas cette experience-1a, et je ne 1e souhaite pas. Mais j’ai connu d’autres situations ou j’étais officier chargé d’une unité et ou j’ai dfi dire aux gars ce n'est pas un cadeau. mais allez-y les garsi lls sont allés et je vous jure qu’il y avait des chances qu’ils se cassent 1a gueule. 11 y avait une alerte et le temps était trés trés mauvais; tellement, qu’iis ont été obliges d’atterrir sur une piste de secours.

Chasseur de type CF-5 en service depuis 1966.

o Est-cc qu’on manque de militaires en ce moment?

Ii y a beaucoup de gens qui sortent de l’arme'e, et i1 faut les remplacer. 0r, avant d’arriver a trouver une recrue qui va faire un bon soidat, il faut parfois recruter beaucoup de gens. Je ne connais pas exactement les chiffres mais ca peut étre de l’ordre de 3 a 4 pour 1.

La famille

o Avez-vous des enfants?

Oui, trois filies; l’ainée est secrétaire au quartier général de la force mobile; la deuxiéme termine son cegep cette année, elle doit entrer a i’université l’an prochain, en traduction ou en langue; la troisieme a 13 ans, elle est au secondaire.

o Vos enfants out-ils toujours vécu au Quebec?

Non, la premiere est nee a North Bay, en Ontario; la deuxieme a Cold Lake, en Alberta; et mon “bébé”, :2: Quebec. Evidemment, nous avons déménagé souvent, mais elles ont toutes les trois commencé leurs études en francais.

Mais en déménageant, i1 y a eu des endroits on i1 était dif- _

ficile de trouver une école francaise. Aujourd’hui, dans les forces armées, c'est beaucoup mieux de ce cote-la, parce que partout on on va, il y a des classes francaises. 11 y a quelques années, c'était trés difficile. A Toronto, par exem- ple, i1 aurait fallu que je m’installe tres loin de mon travail pour que ca devienne réalisable.

O Votre famille ne trouvait—elle pas difficile 1e fait d’avoir a se déplacer?

Oui, mais l’adaptation a toujours été assez facile, parce qu’on a toujours des amis dans les forces armées.

Du cote du francais, i1 y a quelque chose chez-nous qui est assez intéressant. Malgré 1e fait que mes enfants aient dfi étudier dans des classes anglaises, et que nous ayions été, bien, souvent, complétement encerclés par les Angiophones, nous avons toujours maintenu notre langue et notre culture, et mes enfants sont parfaitement bilingues.

Militarisme et politique

o Lorsqu’on est sofdat ou, raison de plus, général, est-cc qu’on a des options politiques qu’on peut faire connaitre?

Non. On se tient loin de cela en autant que possible. Nous ne sommes pas senses nous embarquer dans la politi- que; des réglements nous 1e défendent.

Ceux qui sont teliement convaincus, au point de rendre publique leur option politique, peuvent toujours sortir de l’armée.

Evidemment, presque tous ont leurs propres convic- tions et on en parle au club, dans notre milieu, mais surtout pas devant les joumalistes. Nous sommes libres de notre choix, mais nous ne sommes pas libres d’influencer les gens qui travaiilent pour nous. _

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