Catherine
Bachaalani

 

Le monde musulman est tres
vaste, et les pratiques religieuses
sont sujettes a une foule de
nuances culturelles, politiques,
géographiques, etc. On retrouve
des musulmans notamment au
Moyen-Orient, au l’roche—Orient,
en Afrique, en Europe, en
Amérique du Nord et en Asie.
Dans ce contexte, il est delicat de
généraliser au sujet de la situa-
tion de la femme dans cette reli—
gion. «Je pense que la femme
musulmane, on est entrain de lui
mettre une etiquette», opine
Jacqueline Williams, qui travaille
pour le Regroupement des
femmes immigrantes francopho-
nes de Toronto. Elle explique
qu’en Céte-d’lvoire, par exemple,
les musulmanes sont rarement
voilées.

Madame Williams croit ue
«les lemmes musulmanes les p us
Iibres sont celles d'Afrique. Elles
sont souvent vetues comme n’im-
porte qui.» Ainsi, islam ne rime
pas touiours avec femmes com»
pletement soumises, voilees, sans
defense. II v a tout un spectre de
contextes qui refletent differentes
interpretations du Coran.
Jacqueline Williams resume Ie
tableau : «Le Coran [Iivre de la
religion musulmane] est partout Ie
meme, mais la culture diffrEre.»
Alors qu'en Afghanistan, les
'l'alibans ont tente par la force
d'imposer une societe extreme-
ment rigoureuse, ou les droits de
la temme etaient reduits a une
peau de chagrin, d'autres societes
adoptent une ligne plus souple.
l’ar exemple, force est de constater
qu'il v a une bonne difference
entre Ie chaud tchador de couleur
toncee porte par certaines
lraniennes ou Saoudiennes et Ie
leger toulard qu’on retrouve dans
d’autres pavs, comme 1e Liban. Ici,
a Toronto, Madame Williams a la
certitude qu’il _v a des jeunes filles
«rebelles du voile», c’est—a—dire
qu'elles I'enlevent des qu’elles
sont loin de la maison. «Qui
n’aimerait pas etre habille comme

   

ACCOMPAGNEMENT

‘D
E
Toronto

   

MUSICAL

GILLETTERIE DU THEATRE FRANCAIS

Femmes musulmanes

Des conditions tres différentes
d’une culture a l’autre

tout Ie mondeN, Iancetelle.
Des restrictions nuancees ef
certains droits
Marwan Alil, musulman d'orig
ine syrienne, croit qu'on lrouve au
(‘anada une meconnaissance de
I'islam qui mene a des preiuges.
I’ar exemple, ule L'oraii ne dit pas
que les temmes doivent etre en
arriere a la mosquee, mais les
temmes et les homnies doivent
etre separes wour ne pas etre dis—
traits.» ll eprique que les lemmes
ne sont pas les .s‘eules a avoir un
code vestimentaire, puisque les
hommes doivent camoufler leur
posterieur en ne portant pas de
pantalons moulants (parfois, ils

 

«Je pense que la temme musul-
mane, on est entrain de lui met-
tre une etiquette». (Jacqueline
Williams)

portent des tuniques Iongues). «II
n'est ecril nulle part dans Ie Coran
que les femmes sont tenues de
couvrir Ieur visage comme l'exv
igeaient les 'l‘alibans en
Afghanistan». M. All]. precise que
tout ce cue Ie Coran prescrit, ce
sont des Iignes clirectrices comme
ne pas exposer les cheveux et ne
pas porter des vetements qui
soulignent les formes du corps.

Selon lui, les femmes musulmanes
ont Ie d roit de travailler et de se—
duquer, mais I'argent qu’elles gag—
nent ne doit en aucun cas etre cony
sacre aux besoins de la tamille, car
i] s’.igit de la responsabilite du
pere. C’esl aussi en vertu de ce
principe, Ia responsabilite pater—
nelle de pourvoir a I'entretien de
la famille, que Iorsqu'un parent
meurt, les garcons regoivent deux
fois plus en héritage que les filles.
Enfin, dans Ie cas ou une femme

L'i radio de Radio-Canada

PRESENTE

U nChant

n'a pas envie de taii‘e I'amour a\'ei'
son epoux (que ce soit une tois on
a repetition), M. A/i/ considere
qu'il doit v avoir place a la discus
sion entre I'homme et la femme.
uSi le marl force sa ternme a taire
ce qu'elle ne Veut pas, iI doit elre
conscient que c'est mauvais pour
sa relation».

Une enseignante a I'ecole ele-
mentaire de Islamic Foundation, a
Toronto, dans Ie quartier de
Scarborough, Steur Zeba Uddin,
affirme que la connaissai‘ice est
tres importante dans la religion
musulmane et que les temmes ont
Ie droit de recevoir une bonne
education

Lever Ie voile sur

Ie c6 te’ sombre
l’ourtant, malgre ce t ue permet et
ce ue n'interdit pas Ie Coran, une
mine malheureuse continue de
noircir Ia reputation des musul—
mans en Occident. Joe Bocan chan—
tait : «Ces femmes voilees, une
force entre elles l...] la femme
existe moins qu'une bete, moins
qu'une bete. Et si des hommes
preferent leur chien, alors quand
ils n’ont rien compris, ils donnent
des coups... ils donnent des
coups». Des femmes
d’Afghanistan ou d’aiIIeurs qui
subissent une interpretation tor—
due du Coran (parler «d’inte-
grisme» serait peut—etre errone
puisque, d’apres ce qui est
explique ci—haut, il semble que
plusieurs pratiques rigoureuses ne
sont pas tirees du veritable islam)
qui tait de leur vie un veritable
purgatoire. Est—ce que la commu-
naute des musulmans du monde
fait suffisamment pour leur venir
en aide? Marwan All]. relate qu'il
v a des debats qui ont lieu, mais
Jacqueline Williams est d'avis que
ca ne suffit pas. u Meme les ani—
maux, on les respecte plus. C'est
de I’esclavage.» Elle souligne
cependant l'importance de bien
connaitre leur culture avant d’es«
saver de changer quelque chose a
leur situation et de leur parler de
droits humains. «Cest toute une
psychologie qu'il taut d’abord
comprendre avant de pouvoir
chan'er.» Selon elle, les person—
nes—c es dans ce processus pour—
raient etre les temmes musulv
manes les plus eduquees, qui
occupent des postes de dirigeantes
par exemple.

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ADAPTATION FRANCAISE or «A (HRISIMAS (AROI» Philippe Marcoux
NARRATION Line Boily 1 Michel Desautels , Chantal lolis

Philippe Marcoux iqu Mignault

PRESENTATION (IIaudctteUravel
La chorale Les Voix du (locur ct Robert (iodin

RENSEIGNEMENTS 4lo.2()5.358l

ADMISSION ctuanir 15 Fl}

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Semaine du 20 au 26 novembre 2001 - L’EXI’RESS ‘ 5

 

Musulmans de Toronto

C’est 1e mois du ramadan

«Une occasion de rapprochement
pour les humains en général» (Marwan Aziz)

:si Ill ltl l \I \II
Bret, ils dohent eviter d'etre en
mntact aver ce qui peut nuire a
leur purificationn, precisot~elle

Selon un musulman de
Ioronto, Marwan Alix, ce con-
trole rigoureux de .ses propres
pulsions permel de ressentir ce
t ue vivent les gens tres pauvres,
L e partager leur souffrance. Aussi,
d’un point de vue phvsiologique,
«Ie ieune donne une pause a
l'estomac». l.e ramadan se veut
donc un mois de privation et de
cure du corps ainsi que de I'esprit.
Les temmes qui allaitent, les
entants, les personnes malades ou

trop agees par exemple ne sont
pas tenues de le laire pour des
questions do sante.

Mains e’prouzvant
en novemlm’
Le debut du mois sain est calcule
en tonction du calendrier Iunaire,
ce qui tait qu’il est retarde chaque
annee de plus ou moins une
dizaine de iours. Ainsi, au cours
des annees, Ie ramadan se deplace
a travers les saisons. Bien stir, il est
plus diflicile de Ie pratiquer en
ete, alors qu’il faut s’abstenir de
boire d urant les longues heures de

la canicule et que les journees sont
plus longues. Cette annee, Ie tait
que le ramadan soit celebre en
novembre tacilite Ia chose. Cette
sorte de «Cari-me musulman»
dure environ 29 ou 3t) iours,
lesquels .se concluent par Ie debut
de I'Iiid, une autre celebration
musulmane.

Automne 2001 :
ramadan particulier
ll v aurait environ 200 000 musul—
mans dans la region de Toronto,
selon un employe de Islamic
Foundation. Est~ce que Ie
ramadan revet pour eux un carac»

 

 

quartier Scarborough. Photo Catherine Bachaalani

 

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tere particulier cette annee, en
regard des evenements qui sec—
ouent presentement Ia plancte?
Marwan All]. estime que ule
ramadan devrait etre une occasion
de rapprochement pour les
humains en eneraI». Quant a
socur Zeba Udldin, eIIe se desole
du tait qu'il faudra des annees
pour tout reconstruire et que des
personnes innocentes _v passent.
Fait etonnant, a cette question, les
deux personnes musulmanes,
sreur Zeba Uddin et Marwan Aziz
repondent en se souciant d’abord
des victimes des attentats terror—
istes du ll septembre aux Etats-
Unis. Ils mentionnent ensuite les
victimes innocentes en
Afghanistan, qui sont pourtant
musulmans. De quoi contredire
certains prejuges.

Catherine Bachaalani

 

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