8 . L’EXPRESS — Semaine du 12 au 18 février 2002

Paul-Francois Sylvestre \f

Comme la me'moire est une fa- culté qui oublie, il est tout naturel de ne pas se souvenir d’un événement survenu a peine six ou dix mois assés. Surtout dans le domaine d; l’actualité ou tout tourbillonne, ou les taits se bousculent les uns les autres pour [faire la une d’un journal. Les Editions Stanké ont prévu que l’actualité de l’année 2001 commencerait déja a s'effacer de votre mé'noire et elles ont récem- ment lance' un Ioumal do I’anne’r' qui retrace les faits saillants de 2001.

Cette revue de l'annee a peine achevee se demarque des autres bOUL ums du genre puisque le sur» vol do 2001 tait appel a des per- sonnalites canadiennes de tous les milieux et les invite a rétléchir sur les tails saillants d’une semaine en

articulier. Le lournal dc I’anm‘l‘ est Freuvre de Gisele Lalande ui s'est entretenue avec es chanteurs, des politiciens, des ecrivains, des syndicalistes, des cinéastes, des chefs d'entreprises, des humoristes, des juristes, des medecins et meme un avaleur de feu.

Gisele Lalande n'a pas simple- ment divisé son livre en douze chapitres ou mois; elle a structure son contenu de maniere a rendre la lecture on ne peut plus agréable. Pour chaque mois, i y a d'abord un bref survol des taits saillants au Quebec/Canada et ailleurs dans le monde. A titre d’exemple, pour le mois d’avril 200] on rap elle les elections par- tielles dans e comté de Mercier, le Sommet des Amériques, la publi-

Les Canadiens se prononcent sur les comportements qu’ils jugent immoraux

MONTREAL (PC) - Le vol a l’éta— lage et les liaisons extraconjugfles sont, parmi 17 conduites répre en— sibles suggérees, celles qui sont

SQCllETE _

Réponses pointues ‘a des questions bien ciblées au sujet des faits saillants de 2001

Rock Demers cation des archives secretes d’oc- tobre 1970 et les démissions au caucus de l’Alliance canadienne; uis on souligne l’arrestation de 6 lobodan Milosevic et le proces de quatre Rwandais a Bruxelles. Avant de presenter les reflex- ions de son invité, Gisele Lalande foumit d’abord une courte note biographique fort bien rédigée. Voici ce qu'elle dit du dramaturge Rene-Daniel Dubois : «Comedien, auteur, metteur en scene et polemiste, Rene—Daniel Dubois est né a Montreal en 1955. Entant, il révait d’etre ape, pompier ou médecin. A 1 ans, il trouve la solution .3 cc reve trop vaste et

jugées immorales par le plus grand nombre de Canadiens.

C’est ce qu’indique un sondage Leger Marketing, dont les resultats

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entre a l'licole nationale de theatre pour jouer tous les roles. Mais c’est plutot comme auteur u’il se tail connaitre. Entre l980et 990, ii ecrit 13 pieces dont l'incontourn— able Being at Hommr' with Claude.» Aprils la note biographique, l'auteu re glisse une courte citation de la personne invitee. ll ou elle s’exprime alors sur un suiet bien précis relie soit a sa vie person— nelle, soit a l'actualite. Dans le cas du journaliste Gil Courtemanche, elle lui demande une rétlexion sur son métier et il repond : «On n’a as le droit de n’étre que joumal— iste; on est citoyen avant d’étra journaliste.» Quant au ministre québécois des Atlaires intergou- vernementales canadiennes, Joseph Facal (originaire d2 Montevido), il est appelé a com- menter son entree au cabinet de Bernard Landry. ll s’exprime en ces termes : «C'est un fait que l'immigrant consciemment ou inconsciemment cherche toujours a étre accepte et il se cramponne a tout ce qui peut lui donner l'im- pression que son integration est en train de reussir. Pour moi, ce jour-la, quand i’ai acquis le droit de vraiment parler au nom de ma terre d’accueil, ca .1 eté un moment de pure emotion.» L’arrivee au pouvoir de Bernard Landry sert :1 lancer la discussion que l'auteure a avec le chanteur l’aul l’iche. Elle lui

ont ete communiques a la l’resse Canadienne. Le vol 2. l'étalage remporte la palme des comporte— merits les plus reprouves, 89 pour cent des Canadiens l’ayant con» damne comme immoral.

Pas tres loin derriere, les liaisons extraconiugales sont jugées immorales par 81 pour cent des Canadiens. Au pays, ce sont les Quebecois qui sont les plus

l

.3 . “as:

Gilles Duceppe

demande ce qu'il pense du dis- cours inaugural du nouveau pre- mier ministre, discours consacré a la lutte contre la pauvreté et a la souveraineté, smt deux causes auxquelles l'auteur—compositeur-

interprete accorde une vive importance. D’emble’e, Piché affirme ne pas étre inquiet du céte’ de la souveraineté : «je pense qu'il est sur la bonne voie e j'ai confi- ance que, s’il est capable de nav— iguer a auche, il aille chercher son mon e.» Sur la question de la lutte contre la pauvreté, le chanteur fait moins confiance au premier ministre. «Moi, ie n’ai rien contre le lait que l’on atteigne le

tolérants a ce chapitre, «seulement» 73 pour cent d'entre eux jugeant que les relations extraconjugales sont immorales.

Panni les comportements iugés immoraux par le plus grand nom- bre suivent ensuite la consomma- tion de drogues dures (79 our cent des Canadiens), l'evasion 'scale (77 pour cent) et la prostitution (68 pour cent).

ormand

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Ven~Sam l8h00-23h00

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deficit zéro; le probleme, c’est la facon dont y arrive. (. . .) Pourquoi accorde-ton ‘a des gens comme moi, par exem le, qui ont l’e’quiv— alent d’un sa aire protessionnel, une baisse d’impot de 500$ ou de 1 000$ par année? Qu’est-ce que ca va changer dans ma vie? (...) Donnons plutét cet argent pour aider des gens qui en ont vraiment besoin, ou créons de l‘emploi en education et en santé, ou donnons l'argent aux pauvres qui s'en serviront our acheter des chips on de la biere, mais au moins ca va etre dépenser ici.»

Les événement du 11 septem- bre sont évidemment commentés. La personne invitée a le faire est lean Ziegler, sociolo ue et ra por~ teur s ecial des ations nies pour 'alimentation. Ses propos sont directs, voire acérés : «Quand le president Chirac dit : Nous sommes lous des Arm‘ricains, c’est lamentable. Ie pense que l'Europe devrait étre la pour raisonner le shérif texan, devrait imposer sa force analytique, arce que l'Europe a les capacites d’imposer une Vision du monde plus com— plexe. (...) Alors que les gens

leurent leurs morts, ou leurs

lessés, ou leurs mutilés, la décence commande une compas— sion exclusive de tout autre dis~ cours. Et apres, ca ne devrait pas étre la vengeance collective mais la recherche des causalités qui

Etonnamment, l'abus d’alcool est jugé immoral ar les deux tiers des citoyens cana ierLs, soit 66 pour cent. Et l’on n’e’voquait pas ici l’al~ cool au volant, mais simplement l’abus d’alcool.

Les sondeurs ont pre'senté aux personnes interroge’es une liste de 17 comportements en leur deman- dant d’identifier ceux qu’ils ju~ geaient immoraux.

Les Québécois se distinguent de leurs concitoyens canadiens, nota~ mment pour leur perception de trois compottements: le gambling (jeux d’ar ent), le travail au noir et l'abus d'aﬁool.

Par exem le, le gambling est jugé immora par 63 pour cent des Québécois, alors que la pm rtion chute a 26 pour cent en Co ombie~ Britannique et a 33 pour cent en Ontario.

De meme, le travail au noir est iugé immoral par les deux tiers des Québécois, alors que la proportion n’est que de 41 pour cent en ColombieBritannique et de 48 pour cent en Ontario.

Autre exemple: les trois quarts cles Québécois jugent immoral l’abus d’alcool, alors ue la mo- yenne canadienne est e 66 pour cent. On tombe meme a 59,5 pour

font que des hommes deVIennent des monstres. ll faut aussi faire un examen de conscience. Comment ce monde globalisé qui libéralise, qui accumule d’immenses richess- es entre les mains de quelques oli— garchies, comment peut-il pro— uire une telle marginalisation de regions, de peuples entiers. . .?» Voila quelques exemples du genre de propos que l’on retrouve ans cet ouvrage qui prend la torme de conversations au coin de la cheminée. Parmi les personnes invitees a converser, on retrouve, entre autres, le leader du Bloc québécois Gilles Duceppe, le dra- maturge Wajdi Mouawad, le

maire de Montreal Gérard Tremblay, la syndicaliste Madeleine Parent, le leader

autochtone Konrad Sioui, l’ex— president de Médecin sans fron- tiéres, Rony Brauman, le chef de l’opposition, lean Charest, le cinéaste Roch Demers, le sénateur Serge loyal, la sociolo ue irani- enne réfu iée, Chalah C afiq, et le docteur éjean Thomas, spécial- iste du sida.

Toutes ces personnes s'expri- ment a froid sur des questions pour lesquelles il n’ a pas de filet. l leur est im ossiglle, par exem- le, de se ré ugier «derriere des ormules toutes faites et vides de sens quand il faut se prononcer sur le demande de compensation des orphelins de Duplessis ou sur le clonage humain». des ques- tions bien cible’es, ils donnent des réponses pointues.

Gisele Lalande, Le Journal de l’anne’e. Les faits saillants de 2001, essai, Editions intema- tionales Alain Stanké, Montréal, 2002, 200 pages,l9,95 5.

On eut reioindre le critique lit- téraire de L’Express ‘a : paulfran- cois@sympatico.ca

cent dans les Prairies.

Tout a l’opposé, les Quebécois sont, avec es citoyens de la Colombie-Bn'tannique, moins nom- breux a juger immorale l’homosex- ualité, soit 26 ur cent d’entre eux. En Alberta, ,5 ur cent des gens trouvent immoraﬁfl’homosexualité.

Des aspects plus pointus du sondage pre'sentent aussi un certain intérét.

Par exemple, l’évasion fiscale est iugée tout aussi immorale, peu importe la catégorie de revenu annuel brut du répondant, c’est—a- dire autant chez ceux qui gagnent moins de 20 000 $ ar an que chez oeux qui gagnent 000 55 et plus.

i ' me, autant les femmes ue les hommes jugent immorales‘ies

liaisons extraconiugales (82 et 79,5

pour cent).

Toutefois, la prostitution est plus tolérée par les hommes que par les femmes, 75 pour cent des femmes la jugeant immorale contre 61 pour cent des hommes. Aussi, l’homo— sexualité est ju ée immorale par 38 pour cent des ommes, contre 26 pour cent des femmes. Le sonda e a été realise du 8 an 13 janvier 2 2, aupres de 1519 Canadiens adultes. ll comporte une marge d’erreur de 2,6 pour cent, 19 fois sur 20.

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