IO . l'EXPRESS - Somuino do 7 au 13 Ma zoos
llVRES
Biographie de I'homme
de tous les temps
PHIL-FRANCOIS SYlVESTRE poultwncois©sympotitom
«Hormis les légendaires Hercule et Samson, issus de récits mytho- logiques et bibliques, eu d’hom- mes s’imposerent dans ’histoire de l’humanité par le seul attribut de la force physique. Le nom de Louis Cyr arrive on téte de cette tres courte liste.» Ainsi s’affirme Paul Ohl dans Louis Cur: um’ épopee légondaire. II s’agit de la biographie magistrale du seul Canadien qui se soit fié a sa force innée, a son instinct et a son inspiration pour so tailler une place dans l’histoire.
l] a tallu a l'auteur l0 annoes do recherches pour domeler mythos ot realito, pour rendro a Lotus Cvr son ospace do vie, son humanito, sa yrandeur. Paul Ohl a mis les liouchoes doubles, ll a non soulo~ mont fouille les moindres aspects de la vie do l’homme le plus tort de tous les temps, il a aussi decrit lo contexto mlitique, économique et social do i’epo ue, Son ouvrage do 634 pages ren ermo 975 notes do reference et presento 97 documents iconographiques (photos, dessins, atfiches et caricatures).
Paul Oh] remonte juscu'au prev mier ancétre canadion do Louis C yr, un dénomme Jean Sire arrive on Acadio (Grand-Pro) dans la soconde moitié du XVII‘si‘ecle. Louis Cyr est do la huitieme generation. It est no le 10 octobre 1863, a Saint—Cyprion~do- Napiorville (Quebec), et est baptisé Cy rien Noe. C’ost lorsqu’il tra— vai le avec son pore a Lowell (Masv sachusotts) que lo ieune homme change son prénom imprononqablo
it
Panonaires w Gestion msponsable'”
par les .inglophonos. ll adopto Louis qui so prononce do la meme tacon on trancais et en anglais.
Le soiour do Louis Cvr on Nomelle—Angleterre lui tail aussi adopter dos expressions anglaises lollos quo sltztlu‘ ltnmi, hm’St‘ p011?!) lrzinlxnotos, tin/Iv, mow, loator, mnnzr our, sum rbooli of smart. Boaucoup alus lard, il so contiera au journaliste Loptimo Laterriore, do In l’n‘sso, qui
mbliora [(5 Ar’ltirnom’s do Innis Cyr, i'ltomnn' to plus tort dit mondo. Cetto serio d'articles presento Cvr comme un lmbilo rhetoricien. On lui tait dire «lo voulais lui intuser un peu do combativito, Soupconnais—ie alors clue plus tard mos lecons do bambin L ussont porter leurs fruits,» Dit— ticile do croire tiu'un illettro puisse s'oxprimor ainsi! On sait qu'il om- plovait plus souvent dos mots comme luirdu, c/u'ard, aclmlor, tuidn’r, momllct‘ a sctaiix, petaquo et groceries.
Louis Cvr so fait romar uor tros ieuno. A 14 ans, au moulin L e Saint- Athanaso, ares do Saintvjoan-sur- Richelieu, i’adoloscont do lace 15 minots do grain (pros de ll )livres) sur uno distance do 15 pieds. Les sacs avaiont oté ontasses sur une porto d'écurio placee sur son dos. Chaque fois qu on lui lance un deli, lo ieune C yr met dans son effort dos energies qu’il ne soupconne pas et lance un «jo serais mort sur place plutdt que do m’avouer vaincu». II no tardo was a découvrir toute la viguour diont la Providence a bion voulu le douor.
En mai 1883, a Lowell (Massachusetts), devant plus de quatre mille porsonnos massées der- riero la factorie do coton, Louis Cyr (19 ans) souleve do terre puis sou~ tient sur une épaulo une pierre
at
esée officiolloment a 517 livres. Lo 1 so atembre 1891, au parc Sohmor do Niontreal (sur l'actuel om lace- mont do la Maison do adio- Canada), Louis C r retiont, par la seulo force do sos ras, deux pairos do chevaux do Ia King Express Company, posant 4800 livres au total. Le 19 janvier 1892, au Royal Aquarium Hall do Londres, il developpe do facon stricte, au bout do son bras droit, un haltere do 273 livres. Le 30 janvior 1892, au Royal Albert Hall do Londres, il effectuo, de la position a genoux, un devolo - po du bras droit d'un haltere do 1 4 ivres a 16 reprises CODSéCulth‘S. Lo 7 septembre 1892, 3 Lowell, Louis
la sécurité.
on embarquel
/
leplus fort
Cvr soulevo one charge do ‘358 livres du maieur do la main droitel L‘haquo dale, chaque ondroit, chaquo poids attostent do l'au- thenticito dos exploits do Louis Cyr, ainsi que des conditions parti- culioros dans losquollos ils sont roa- lises.
Si les 12 travaux d’Hercule appartiennont a la mythologie, ceux do Louis Cyr sont graves dans |’his~ toire. Lo 27 mai 1895,21 l’auditorium du Austin and Stone's Museum do Boston, Louis Cyr offectue un souleve d’unoplatoformo chargeo a hautour do 43. 7 livres, soit pres do doux tonnes et quart! Lo 8 mai 18%, au Saint—Louis Hall do Chicago, Louis Cyr maintient pendant quol ues secondes une charge do 131 ix res du bras droit tondu a l'horizontale; il é vaule ot dévoloppo du bras droit un altoro do 162 livros a 36 reprises consécutives; il soulevo de terre do la main droite une charge do 987 livres et des deux mains une masse do 1897 livres; il é aule do la main droite et en un sou temps un baril do ciment do 433 livres.
Au cours de sa carriere, Louis Cvr soulove au moirLs 500 fois dos
lateformes chargées de plus do .000 livres. ll lutto autant do fois contre dos pairos de chevaux, il établit 50 records du mondo ot il n’ost jamais vaincu. L’homme le plus fort do tous les temps meurt le 10 novembre 1912 a Montreal. Son wareours de vie, tel qu’établi par i’aul Ohl, 1e consacre comme une fi ure dominante du patrimoine co lectif de l’Amérique francaise.
Paul Ohl, Louis Cyr: une épo ' ‘ légendaire, biographie, Montreal, di— tions Libre Expression, 2005, 634pagos.
L’uuieur Louis Emond (‘i la libruirie Champlain
l’Article
SOPHIE HIUTCOEIII shauttoeur@|expiess.to
Samedi demier, la librairie Champlain, a accueilli Louis Emond pour un apres-midi de rencontre avec ses lecteurs. Alors que les haut-parleurs chantaient des airs fran- cophones, l’écrivain d’une trentaine d’années, origi- naire de Lévis au Québec a vu dans cet événement une maniére d’annoncer la sortie de son deuxiéme roman et la réédition de son premier aux Editions Trois-Pistoles.
Lo Canto do Louis Emond vient de paraitre. ll tait suite au premier roman do l'autear, Lo Mnnnscrit. Encore en proiot, suivront cortainement, Lt’S Mt‘meirvs, L'Enquflo, Les [’otits mots ct Lo Manifesto
Des titres qui font davantago reference a un genre litterairo plutot qu’au recit lui-meme. «lls existaient effectivoment clans une formo plus longue mais io me suis rendu compte que lo reste n’etait finalement pas, tres important», expliquo Louis Emond
Une tendanco a no garder que l’essentiel qui se retrouve dans ses romans. L’écrivain aimo l’idée do simplifier pour évoquer plutot que de raconter. Un depouillement qui lui plait, qu'il recherche constam— ment et qui 1e pousse a relire et retravailler sans cesse ses textes. Ca et le fait d'avoir essuye tres longtemps les refus, partois vio» lents, dos editours.
louis Emond.
Un long travail L'ecriture du Canto a commence il y a uno douzaino d’annees. «Le livre a beaucoup evolue, a ttirme-t- il, dos changemonts littoraires‘, stylistiques au debut et puis dornioroment i’ai beaucoup roduit lo texte.»
Un soul aiout: I'epilogue. Un
oclaircissoment demande par les premiers lectours du roman mais qui reste enigmatique. ll no taut pas trop on dire, livrer quolques réfloxions do manioro poetiquo et, comme dans un conte on uno legendo, le douto subsiste. , Dans Ll' Manuscrtt, Louis Emond raconto une histoire d'amour passionnoe procho do cello qu'il a vocue. L’idoo du Canto a fait son apparition iusto apres. «J'en otais a un point on je me di— sais que ma vie amourouso etait un échoc tout comme ma vio artis—v tiquo car aucun editour no voulait me publier. C'etait comme repartir a zero», so rememoro Louis Emond, ll prond alors conscience qu'il est encore vivant memo si la mort viendra un iour. ll so dit que l’amour pout reapparaitre.
La vie prond tout son sens Et on ploin dans cetto phase do vulnerabilito et do grande recep~ tivité, son froro a un fils. Lo pro» mier onfant de la famillo. Louis so meta réflochir sur lo sons do la vie, co fameux «a quoi hon», lous cos elements so retrouvent dans Lo Canto. Les personnages que l’ecrivain appelle A, B ot (j sym- bolisent la mort, l’amour et la \ ie.
L’histoire: lo leune homme nomme A, emmene son tils nou— veau-no dans son poriplo. ll mar— che sans relacho pour rotrouvor son propro pore, C, d’abord ot puis s’établir quolquo temps dans une sorte do ville soutorraine oil i] tera la connaissanco do ses voisins l. of Hoc. 4
Louis Emond a termine l’ocri- turo du Canto a Singapour ou il a passe deux ans pour suivre sa compagne Melanie. Colle—ci l’a d'ailleurs entraino dans bt‘dllCUUP d'autres voyages, en lnde et an Vietnam ontro autros. Dans un appartemont avoc uno torrasso immense entoureo do palmiers, il a trouve lo calmo necessaire pour travaillor.
«Jo poux ocrire n’importe on mais i’ai besoin de heaucoup do tranquillite. Et c’est sans doute uno obsession mais i’aime aussi que tout soit bien range." ll no pout pas non plus exorcer d'autres emplois pendant sos periodes d’ocrituro. En co moment, coordi- nateur dos services on trancais a l'aido juridique, il so consacre plutot a l‘olaboration de sos plans, aux recherches pour ses tuturs romans ains‘i qu'a ses anthologies, Il rassemblo dos toxtos, dos inspi— rations sur quelques themes qui lui tiennent a coour: l'amour, lo pouvoir aussi bien financier que politique, la creation artistique ou ’écriture par exomplo.
Quand l’histoire l’habite
La redaction d’un livre domando boaucoup do concentration ol meme s’il pout reflochir a plue siours ’histoires on memo temps. Louis Emond no pout ecriro qu'un toxte a la fois. «Autroment ce sei‘ait un changoment d'otat d'esprit trop exigoant. Commo un comodion qui iouerait dou\ personnages dans doux pieces do theatre lo memo soir. C'es‘t sans douto possi~ bio mais encore uno liois, tros exigoant», assure Louis Emond.
S’il sait qu’un roman \a otro publio, i| conserve alors un rythmo do travail acharno, Pas question do rondre Line copie tiui no donnerait pas entiere satisfaction.
Quand Victorslevy Beaulieu dos editions lrois-l‘istoles l'a appele pour lui annoncer qu'il voulait publier le (onto ot racheto les droits du .l'lnr/usrrit a l'an- cienne maison d'odition, lotus, a la tin d'uno iourneo l‘nirassanto, a eu boaucoup do ma] .1 trouvor ses mots au telephone. De la fatigue certos mais aussi one belle sur» prise.
l,e monde litteraire dlel ontm choisi cot ontant turbulent, des- tine, au depart, a une carrioro scientifique que des protessours do lettres ont court—circuili-o,