3 1.6 De l4 fignijfcaziorz des Mots. L 1v. III.
CfiAP. II. 8: d‘une Subfcance fort pefante. Un troifiéme ajofice a ces Qualitez la fr» fiéilite’, 8: des-la ce nom frgnific a fon égard un Corps brillant, jaune, fu- fible , 8: for: pefant. Un aucre ajoure la nz/zl/eabil/té. Chacune de ces per- fonnes fe fervent égalernenc du mo: d'Or, lorfquils ont occafron d’expri- mer l’ide'e a laquelle ils Yappliquent; mais i1 eft evident qu’aucun d’eux ne peuc Yappliquer qu’i1 fa propre idee, <3: qu'il ne fauroit le rendre figne d’u- ne idée complexe qu’il n’a pas dans TEfprit.
§. 4. Mais encore que les Mots, confrderez clans Yufage qu’en font les hommes, ne uilfent f1 Tnifier proprement (‘S1 immédiatement rien autre lchofe que lespidées qui lgont dans YEfpric de celui qui parle , cependant les hommes leur attribuent dans leurs penfees un iecrec rapport i1 deux autres chofes.
Prémiéremenc, ils fizppofint que les Alvis dont ils fe fer-vent, [but fignes des idées quife trozrvent rmflidan: lLEfiorit des azure: hommes awe: qui ils s’entre- ziennent. Car autremenr ils parleroienc en vain 8c ne pourroient étre enten- dus , f1 les fons qu’ils appliquent a une idée, écoient artachez a une autre idée par celui qui les écoute , ce qui feroit parler deux Langues. Mais dans cette occafion , les hommes ne s’arretent pas ordinairernent a exa1ninerfil’i~ dée qu’ils ont dans YEfpric, ell: la meme que celle qui ell dans PEfpric de ceux avec qui ils sentretiennent. Ils s’imaginent qruil leur fuflic d’e1nploye1' 1e mot dans le fens qu’il a communément dans la Langpue qu’ils parlent, ce qu’ils croyent faire; 8: dans ce cas ils fuppofent que l’ide'e dont ils le font frgne, efl: precifément la meme que les habiles gens du PaIs attachent a ce xiom-la.
§. 5. En fecond lieu, parce que les hommes feroient fachez qu’on crfic qu’ils parlent fim lement de ce u’ils ima inent, mais u’ils veulenc auHi qu'on simagine qfifils parlent deg chofes feglon ce quellesqfonc réellernent en elles-mémes, ils fuppofent fouvent i1 caufe de cela, que leur: paroles figni- fient auji la réalité des rho/Er. Mais comnie ceci fe rapporte plus particu- lierement aux Suéflamcs & a leurs noms , ainfi que ce que nous venons de dire dans le Paragraphe precedent fe rapporte peut-érre aux ldées fimp1e:& aux Modes, nous parlerons plus au long de ces deux diiférens moyens d’ap- pliquer les Mots , lorfque nous traiterons en particulier des noms des Modes Mixte: 8c des Subftances. Cepenclant, permettez-rnoi de dire ici en paf- fan: que deft perverrir fufage des Mots, & embarraffer leur frgnification d’une obfcurité 8c dime confufion inevitable , que de leur ifaire tenir lieu cfaucune autre chofe que des Idees que nous avons dans FEfprit.
§. 6. I1 fant confiderer encore a Yegard des Mots, prémierement qu’é- tant immédiatement les fignes des Idees des hommes &par ce moyen lesinf-
trumens dont ils fe fervent pour sentre-communiquer leurs conceptions, '
8a exprinrer l'un i1 Yautre les penfees qu’ils ont dans FEfprit, il fe fair , par un conftant ufage , une telle connexion entre certains fons & lesidées defi- gnées par ces fons-la, queles noms qu’on entend , excitent dans FEfpriccer- caines idées avec pref que autanr de promptitude & de facilité , que files Ob- jets propres a les produire, afieéloient afluellement les Sens. C’efl; ce qui
arrive évidemmen: i1 Yegard de routes les Qualicez fenfibles les plus com- munes,