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je serais tenté de dire que Phumanité tout entière travaille aux chefs-d'œuvre, longtemps avant et longtemps après Fartiste qui les produit. Cela ne diminue pointla gloire de celui qui les signe; bieifi au contraire ! Voilà comment, à mesure que l'on Sféloigne, soit dans Pespace, soit dans le temps, le point de vue se modifie; de sorte que les œuvres des siècles passés présentent aux générations suc- cessives des aspects toujours nouveaux, qui rajeu- nissent la critique.

Les admirateurs de la Bible, dïloinère, de Dante, de Shakspeare, ceux de Haydn, de Mozart, de Beethoven, y découvrent sans cesse des choses nouvelles, qui ne sont pas toutes de fantaisie pure, que Fauteur, dis-je, n'a pas prévues, mais qu'il ne désavouerait pas, -comme il arrive lorsque les bons comédiens interprètent à Fauteur dramatique son propre ouvrage et le créent une seconde fois. - En dautres occasions, j'en conviens, le poète, le musicien, ou le peintre, pourrait être quelque peu étonné: Rembrandt, par exemple, ne serait-il pas surpris, et un peu désappointé, jïmagiue, en voyant que son cl1et'-d'œuvre, dont Faction se passe en plein jour, et dont la scène ne nous présente pas un seul luminaire, ni torche, ni flambeau, ni lanterne, est appelé universellement la Ronde de nuit? Cela prouve, une fois de plus, que chaque peintre voit d'une certaine façon, sent la lumière et les couleurs à sa manière, et que chaque sper-

LE ROMANTISME DES CLASSIQUES