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soulevaíent leurs railleries et leurs injures, en heur- tant les règles établies, les préjugés, les vieux systèmes, tout Pancien régime poétique.
C'est ce que fit Corneille par son premier chef- d'œuvre. Je pourrais résumer cette histoire en deux ou trois phrases; mais, si je ne donnais que ce résumé, je ne ferais pas la démonstration pro- mise. ll me paraît donc indispensable de raconter cette bataille, *Yen expliquer les divers incidents. D'ailleurs, sans être d'un intérêt aussi élevé que Pétude de la tragi-comédie elle-même du Cíd, le détail des débats soulevés par ce drame romantique ne laisse pas d'être assez curieux. Mais ce sont les infiniment petits, après Finfiniment grand. L'his- toire de ces débats, à elle seule, forme presque une bibliothèque, ou du moins un dossier considé~ rable. Je vais vous le servir tout épluché.
Le public parisien, artiste dïnstinct, et qui, pour äémouvoir, ne demande à personne Fautorisation, ne s'inquiéta pas de savoir si, dans le Cid, les règles étaient plus ou moins observées; il se laissa prendre et ravir à tant de jeunesse etde passion, à tant d'amour et d'héroïsrne, à tous ces grands coups d'épée, à tous ces beaux vers, à toutes ces tendresses, à toute cette grâce, à tous ces pleurs.
La Cour, comme la Ville, fut transportée ; le Cid fut représenté trois fois au Louvre, et valut au poète les félicitations du Roi, de la Reine et des