LE ROMANTISME DES CLASSIQUES 133

Je sais ce que je vaux, et crois ce qu'on m'en dit. Pour me faire admirer je ne fais point de ligue; J'ai peu de voix pour moi, mais je les ai sans brigue; Et mon ambition, pour faire plus de bruit,

Ne les va point quêter de réduit en réduit.

Mon travail sans appui monte sur le théâtre; Chacun en liberté l'y blâme ou Fidolåtre :

Là, sans que mes amis prêchent leurs sentiments, farrache quelquefois les applaudissements;

Là, content du succès que le mérite donne,

Par d'illustres avis je n'éblouis personne;

Je satisfais ensemble et peuple et courtisans,

Et mes vers en tous lieux sont mes seuls partisans; Par leur seule beauté ma plume est estimée,

Je ne dois qu'à moi seul toute ma renommée,

Et pense toutefois n”avoir point de rival

A qui je fasse tort en le traitant d'égal.

Ceci à l'adresse de Mairet, de Seudéry et des autres confrères. Mais que de pierres jetées dans le jardin du Cardinal lui-même!

Mon travail sans appui monte sur le théâtre!

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Je ne dois qu'à moi seul toute ma renommée!

On reniait donc le patronage du Cardinal? On n'avait donc pas besoin de lui pour réussir? Et Guillem de Castro, on ne lui devait donc rien, à lui non plus? Le poète de Rodrigue, ici, n'était pas plus modeste que son héros. Mais Rodrigue n'a que dix-huit ans. Corneille en avait trente; Rodri- gue ne dépend et n'a besoin de personne. Certes,

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