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Don Juan, avec son impiété, leur fut une occasion @engager la bataille. Peut-être, du reste, Pelève de Gassendi et traducteur de Lucrèce trouvait-il quelque plaisir à exprimer, par la bouche de son héros, un certain nombre de pensées har- dies et libres qu'il n'eût pu risquer en son propre nom, et à contenter à la fois la \mérité dramatique et Yaudace philosophique. Un sieur de Rochemont, avocat au Parlement, lança contre lui un libelle, il disait : « Qui peut supporter la hardiesse d'un farceur qui fait plaisanterie de la religion, qui tient école de libertinage, et qui rend la majesté de Dieu le jouet d'un maître et d'un valet de théâtre, d'un athée qui s'en rit et d'un valet plus impie que son maître, qui en fait rire les autres 1? n ll coneluait en demandant la punition de Fauteur, et rappelait que Yempereur Auguste avait condamné à mort un boulfon pour ses raílleries contre Jupiter, et que Fempereur Théodose avait livré aux bêtes dautres comédiens impies. Le Roi, qui heureuse- ment avait besoin de Molière pour composer les divertissements et les comédies de ses fêtes galantes, le soutint autant qu'il put. Il savait que le Festin de pierre était représenté dans plusieurs pays; que Plnquisition elle-même le laissait jouer en Espagne; qu'on le donnait aussi en Italie; enfin que, depuis plusieurs années, on le jouait à Paris sur le théâtre

1. Observations sur le Festin de pierre, par le sieur Rochemont, page SN. -s