394 LE ROMANTÎSME DES CLASSIQUES

De même (permettez-moi cette parenthèse) il redi- sait avec admiration ces vers de François Villon, le gamin de Paris du xve siècle, qui croyant se voir pendu au gibet de Montfaucon, lui et les bons truands ses camarades, brosse cette esquisse patibulaire mais éclatante:

Pluye nous a débués et lavés,

Et le soleil, dcsséchés et noircis;

Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,

Et arraché la barbe et les sourcils ;

Jamais, nul temps, nous ne fusmes rassis : Puis çà, puis là, comme le vent varie,

A son plaisir sans cesser nous charrie,

Plus becqtietés d'oiseaux que dés à coudre.. .

Ce dernier vers surtout, dans sa concision pitto- resque, ravissait notre grand poète. Assurément Fellipse est des plus fortes; mais ce raccourci de métaphore n'en est que plus frappant. - Eh bien, dans les deux vers de Boileau, ce trait: « de sa beauté salis ››, est un raccourci analogue: le choc de deux idées extrêmes, soudainement rapprochées

et heurtées, produit Fétincelle. Et, dans le vers qui suit immediatement:

Envoie au blanchisseui' ses roses et ses lys,

Fantithèsc, redoublée avec ironie, éclate et se pro- longe en cette image éblouissante d`esprit et de grâce, et achève Peflet de la rudesse méprisante du pre- mier. Est-ce que cela n'est pas romantique? ou,