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cepoint plutôt qu'en un autre de toute Féternité qui m'a pré-cédé et de toute celle qui me suit. Je ne vois que des infinités de toutes parts, qui m'en- ferment comme un atome et comme une ombre qui ne dure qu'un instant, sans retour. Tout ce que je connais est que je dois bientôt mourir; mais ce que j'ignore le plus est cette mort même, que je ne saurais éviter.

›› Comme je ne sais d'où je viens, aussi je ne sais je vas; et je sais seulement qu'en sortant de cemonde je tombe pour jamais ou dans le néant ou dans les mains d'un Dieu irrité, sans sa- voir à laquelle de ces deux conditions je dois être éternellement en partage. Voilà mon état, plein de misère, de faiblesse, d'obscurité... ››

En présence de ces mystères, et de ce que son imagination y ajoute, - par exemple, le Dieu irrité; pourquoi irrite °? - Pascal ne voit de refuge que dans la foi religieuse, la foi aveugle : il se précipite dans cet autre abîme et ne veut plus en sortir. C'est dans le fond même de cet abîme qu'il s'établit, le plus solidement qu'il peut, espérant y trouver la fin de ses inquiétudes et de ses angoisses, et se tlattant de persuader aux autres qu'il y a réussi; ce qui n'empêche pas qu'il ne laisse échapper par moments des paroles comme celles-ci : « S`il ne fallait rien faire que pour le certain, on ne devrait rien faire pour la religion, car elle n'est pas certaine. » Voilà un terrible aveu de la part d`un homme qui

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