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toutes ses puissances sur cette idée unique, la tourne et la retourne en cent manières : car sa foi, on l'a très bien dit ¢ nest pas une foi d'hal›itude; c'est une foi qu'il doit tlisputei' sans cesse à quel~ que objection nouvelle, une foi arracliée et convul- sive... Ses angoisses, ses doutes. Fépuisent sans le vaincre... Il faut croire ou inourir 1. a

Pascal est une sorte dllamlet, qui, lui aussi, dit son To be, or not to be, en presence du pro- blème de la destinée. Mais la mélancolie de cet Haml-et janséxiiste est bien plus profonde que celle du héros de Shakspeare. La mélancolie dTIainlet lui vient surtout dc Fhorreur des crimes dont il se sent entouré; celle de Pascal lui \ient tout entière de Fénigme terrible de notre destinée et du fond même de notre nature, si contradictoire et si am- biguë. a Quelle Chimère est-ce donc que Fhomme? šécrie-t-il, quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos, quel sujet de contradictions, quel prodige! Juge de toutes choses, imbécile ver de terre; dépositaire du vrai, cloaque dïncertitutle et d'er- rèur! gloire et rebut de Yunivers l... ››

Et nous, ne pourrions-nous pas ajouter, en re- gardant Pascal lui-même: Quel prodige dans le prodige, que cette nature si forte et si frêle! que cette organisation si puissante et si mala- di`vel Quelle violence dans sa sensibilité! quelle

i. Désiré Nisard, Histoire de la Litlératzire française, lit. III, chap. lv.