158 .ARMAND DURAND. jamais d'autres rafraîchissements que du tabac canadien,- car il faut avouer que tous ces jeu- nes gens fumaient,-et un verre de cidre ou de bière, et quelquefois une assiettée de pommes fameuses ou de beignes, friandises que sa tante Ratelle lui envoyait régulièrement. Belfond, qui était accoutumé à des tables servies avec luxe, trouvait dans ces fêtes improvisées autant de jouissance qu'il en montrait dans ses jours affa- més de collège. Un soir qu'il avait emmené avec lui un jeune homme de ses amis, un étudiant en droit, et qu'ils étaient tous trois à discuter, au milieu des bouffées narcotiques, sur la politique du jour, condamnant la tyrannie du gouvernement impé- rial et Vaveuglement de leurs propres chefs, et qu`ils maniaient les affaires d'Europe avec une étonnante célérité, sinon avec sagesse, on an- nonça un visiteur pour M. Durand. Paul entra dans la petite chambre. Comme de raison, il y eut un échange cordial de sympathie, un feu roulant de questions et de reponses sur la maison paternelle, la campagne, les chemins; puis on procura une pipe au nou- veau venu, et on recommença avec vigueur à fumer. Mais la conversation fut plus languis- sante qu'avant. Paul était d'une trempe bien _ ._ .ng