ARMAND una/lun. 183 ses amis, car il ne pouvait pas toujours les refu- ser, de crainte de les insulter. Lorsqu'il écrivait à Paul et qu'il était en disette de sujets, il lui don- nait tous ces détails et il lui parlait franchement, [ui racontant même une fois, que Lespératice lui avait emprunté de Vargeut et qu'il n'a.\'ait pas d'espoir qu'il le lui remît. Les lettres de Paul Ven- courageaicnt à faire ces confidences sans restric- tion, car il lui disait souvent combien ses lettres amusantes égayaient leurs longues et mornes veillées et combien lui, Paul, goûtait les descrip- tions exactes de la vie de la ville et de ses plai- sirs. Armand, cependant, parlait rarement de Déli- ma Laurin. ll avait conçu pour lajettne fille un intérêt naissant, provoqué plus par la partialité évidente qu'elle manifestait envers lui que par sa beauté, et cet intérêt le poussait à rester muet sur ce sujet dans ses lettres à Paul. A dire vrai, il avait peu du chose à en écrire: de tempsà autre une veillée tranquille à jouer aux cartes ou aux dames; bien rarement un tour de carriole avec elle et madame Martel; ou bien, les soirs de grands froids, une longue conversation autour du grand poêle double de la salle: leur intimité n'allait pas au-delà. Les fréquentes absences de madame Martel de la chambref-Jesquelles