MALEBRANCHE. A63

paux préjugés qui les rendent favorables à Male- branche. -Le premier tient à lestime que l'on fait de lui. « L”auteur de la Rechetrche siest, dit-il , acquis une si grande réputation dans ce monde, et avec raison, car il y a dans ce livre un grand nombre de très-belles choses , qu°il y aura bien des gens qui auront de la peine à se rendre facilement à ce qui a été dit contre la nouvelle philosophie des idées. ›› Mais il faut songer à l`infirmité commune, et ne pas perdre de vue la faiblesse du principe de toute cette théorie , à savoir que l`âme ne peut voir que ce qui lui est intimement uni. -_- Le second de ces préjugés est, que cette doctrine tend à faire voir mieux qu`aucune autre", combien les esprits sont dépen- dants de Dieu, et combien ils doivent lui être unis. Arnauld accorde que si, en eiÎet, elle avait cet avan- tage, quelque mystérieux qu°il lui parût, il le re- connaîtrait; mais elle ne l`a pas, selon lui; car cette dépendance dont on fait tant de bruit, n`est vérita- blement d°aucun usage pour nous attacher à. Dieu. Que nous apprend-on par cette philosophie? Que nous voyons les corps en Dieu; que les femmes qui sont idolâtres de leur beauté voient Dieu en se re- gardant dans leur miroir. Est-ce bien un moyen de nous faire aimer Dieu comme nous le devons? Il ne s°agit dans tout ceci, ni des lumières dans l`or- dre de la grâce, ni de certaines vérités morales; mais seulement de vérités géométriques , et les es- prits sont unis à Fétendue intelligible plutôt qu°à Dieu lui-même. Quant au troisième préjugé , qui se réduit à dire que si on n`admet pas cette philosophie des idées, notre âme pense parce que sa nature est

'de penser, et que Dieu, en la créant, lui a donné