MALEBHANCHE. 5113 seulement dans notre esprit borné et mal éclairé, que sont ces défauts d`ordre et de composition que nous croyons y remarquer; en soi rien n”est le fruit du hasard et du caprice, et il n`est rien de si étrange et de si bizarre en apparence qui n°ait son principe sufiisant et sa juste raison d`être. Ces espèces, qui aujourdhui disparues et comme effacées de la sur- face de la terre, ne se trouvent plus qu”en restes fossiles au sein de ses entrailles, peuvent sembler prodigieuses , mais elles ne sont pas inintelligibles; elles sont de leur temps dans l`ordre de la création; elles sont du monde auquel elles ont appartenu, elles sont venues, comme elles devaient venir, elles ont vécu comme elles devaient vivre, elles se sont per- dues , comme elles devaient se perdre; origine, na- ture et fin, elles ont tout eu en raison de leur place et de leur date dans la suite des générations des créa- tures de notre globe. Elles étaient en harmonie avfec l`ensemble des êtres auxquels étaient liées, comme le sont aujourdhui avec le leur celles qui leur ont suc- cédé; et le désordre eût été qu°au lieu d'avoir les pro- portions et les dimensions convenables à une nature pour laquelle elles devaient être faites, elles en eussent afiÎecté d`autres , qui niy auraient eu aucun rapport. Nous sommes loin de tout savoir, mais comme rien de ce que nous savons n°est réellement privé d”ordre, nous en devons conclure que rien de ce que nous ignorons n`en doit être dépourvu; l°inconnu doit être comme le connu, Yavenir comme le présent, et le lointain comme le prochain : l`univers tout en- tier, jusque dans les abîmes des temps et les pro- ' fondeurs de Fespace, ne peut être en effet que l°ex-