Ls r. LAML 605 tion: « lToù vient que ce spirituel qui est si délicat que tout le blesse; si orgueilleux qu°il ne peut souíïrir qu`on lui dise ses vérités; si vindicatif qu°il ne sau- rait pardonner; si avare et si intéressé qu'il plaide pour les moindres bagatelles; vit cependant avec aussi peu de crainte et autant de confiance que s`il avait une révélation expresse de sa prédestination? c'est qu°il fait régulièrement tous les jours deux heures d°oraison, et qu°il ne soupçonne pas même quion puisse se perdre avec cela. Son oraison ne sert qu°à lui faire illusion; c°est son bel endroit; il ne se regarde que par là; elle lui fournit les moyens de répandre sur ses plus favorites passions un air de piété, en les couvrant des voiles imposteurs, tantôt de la gloire de Dieu, puis, de l°obligation de soute- nir sa dignité et son caractère, quelquefois, de la charité du prochain et d'autres fausses livrées. ›› (T. Ill, p. 439.) Ce morceau me ferait adoucir un peu la sévérité avec laquelle j°ai noté plus haut cer-

. tains défauts du style du P. Lami : car si ciest tou- jours de la satire un peu vive, c°est de la satire polie et bien tournée. Et pour montrer que chez l`auteur il y a quelquefois de ces rencontres, je demanderai à. extraire encore ce passage : << Un homme s'en vient de but en blanc vous dire grossièrement, bassement, sans pudeur, que vous êtes l`homme du monde qui avez le plus d°esprit , le plus de probité, le plus de mérite. Vous vous sentez choqué de ce compliment, vous rebutez cet homme et lui imposez silence; et sur cela, vous vous flattez de n'aimer pas les louan- ges. Mais patience : quelques moments après, un honnête homme s”en vient avec des tours fins, des manières ingénieuses et délicates, d`un air respec-