._53_ « Il fut hors de ma puissance d'en avoir ni peu ni prou, ›› on ne m'en offrit pas même une écuellée. Toutefois, je ›› prenais patience, ayant toujours bon courage. ›› Il y avait là quatre-vingts bouches « dont les dents crois- ›› saient comme Pherbe on bonne terre, faute d`avoir de ›› quoi les employer ››, remarque le F. Sagard, et la famine devait encore durer un an. Cinq bâtiments, dont un frété par les Jésuites, venaient au secours de la colonie, sous la conduite de M. de Roque- mont qui avait ordre d'éviter les Anglais, bien stipérieurs en force. Aperçu par les ennemis, obligé de se battre, il fut, après six heures de combat, obligé d'amener pavillon; le seul navire du P. Noirot, échappa pour porter en France la nouvelle de ce désastre. Depuis trois ans Québec n'avait reçu d'Europe, ni provisions, ni poudre, ni balles. On y vivait de racines, d'anguilles, et d'animaux tués à la chasse avec les flèches des sauvages, qui offraient de recevoir quelques colons pour Phiver. Une barque envoyée à Gaspé pour on tirer quelque secours, fut encore prise par les Anglais, et il devint impossible de leur cacher le triste état où se trouvait _ Fhabitation qu'ils voulaient réduire. Aussi, quelques jours après, trois navires des Kertk venaient-ils renouveler la sommation faite Pannée précédente. La défense était impos- sible, puisquïl ne restait ni vivres ni munitions, il fallut bien se soumettre et le 19 juillet 1629, Champlain signait. une honorable capitulation. Tous les Français qui voudraient s'en aller, seraient transportés en France, les officiers auraient leurs armes et bagages, les soldats, leurs armes, leurs habits et une robe de castor, les religieux leurs livres. Le lendemain, cent cinquante Anglais prenaient pos- session du fort et du magasin. Champlain, mis un instant à fond de cale, fut conduit à Tadoussac avec ses compa- gnons. Il avait été convenu que personne ne serait insulté; mais les vainqueurs, traîtres à Dieu et à la patrie, ne purent s'empêcher dïnjurier les Jésuites. Un apostat de Dieppe,