64 LE MARQUIS DE mscou

mais il différait de ceux des mandarins en ce qu’i1 était un peu otrvert par 1e haut comme une mitre. I1 était de

grandeur a pouvoir contenir les neuf calottes et le capu- r

chon dont sa téte était couverte en cette saison. Quant a Pabbé, pour bien recevoir cette ambassade qui allait se rendre a son logis, 1e soir, aux flambeaux, suivant 1e céré- monial siamois, i1 avait pris Yhabit de protonotaire et avait appelé aupres de lui son bon parent et ami M. Gonfrey, qui servait traitreusement toutes les plaisan- teries dressées contre lui. L’a1nbassadeur, s’étant incliné profondénient, fit en siamois une longue harangue que Pinterprete réleuéta en 1a traduisant; puis Pambassadeur tira d’une cassette dorée une lettre du roi de Siam, laquelle avait été préalalflement traduite en latin. M. de Saint-Martin accepta de tout son coeur la dignité de man- darin, mais se débattit contre 1’h0nneur d’étre médecin de Sa Majesté siamoise, a 50,000 écus d’app0intement. Ifambassadeur lui répondit qu’il y allait de sa téte de s’en retourner sans lui, et lui donna jusqu’au lendemain pour régler ses affaires et prendre congé de ses parents et de ses amis. L’abbé de Saint-Martin pria Yambassa- deur de lui faire mettre sur la téte 1e bonnet pyramidal qu’i1 voyait entre les bras d’un des mandarins. On le fit mettre a genoux: deux mandarins lui tenaient les bras; les autres, avec Fambassadeur, se mirent a danser autour de lui, le sabre nu a 1a main, proférant des chants et des cris inarticulés que M. de Saint-Martin prenait pour du bon siamois. I1 y eut une seconde cérémonie, plus gro- tesque que la premiere, pour 1a coifiure solennelle du bonnet a trois cercles d’0r. Le pauvre fou vaniteux re- courut a U. de Gotugues, 1’intendant, et a H. de Segrais pour obtenir qu’on ne Pembarquat pas de force a Brest